29 oct. 2018

Place publique

J'appartiens à la génération de ceux qui ont laissé filer ce qu'avaient construit ses parents à la fin de la première guerre mondial et qui laissent leurs enfants dans le vide individualiste qui les poussent à la religions, au nationalisme ou à tout autre identité plus ou moins guerrière. J'adhère à la démarche de Raphaël Glucksmann qui vise à ouvrir le débat sur la place publique.

Dans son livre, "la génération du vide" qu'il faut absolument lire, il s'adresse à notre génération, celle qui avait entre quinze et trente ans en 1968, qui s'est réfugié dans le confort de la famille, des amis, du petit cercle proche et qui a laissé filer les solidarités construites par ses parents. La grande faute de notre génération est de laisser ses enfants sans boussole.


Raphaël Glücksmann,
les enfants du vide.
C'est le diagnostic de Raphaël qui a attiré mon attention. Ce diagnostic éclaire ma vision très pessimiste de l'avenir que je tentais de tromper avec mon activité syndicale, formation et interrogations sur ce qu'il faut faire. Mais ce qui emporte mon adhésion, c'est l'ouverture qu'il lui donne.

Sous la domination du néolibéralisme et victime de la stratégie "progressiste" du parti dominant de la gauche, le PS, consistant à "accompagner les évolutions du monde et l’accomplissement d’une société où chacun serait libre et heureux", le citoyen est plongé dans une société de solitude, dont les membres ne montrent aucune empathie pour les autres et s'enferment dans leur ghetto identitaire. Mes vingt-cinq ans passé au PS me permettent de bien sentir le sens de ce diagnostic.

Le premier de cordée n'est rien sans la cordée. Notre société est d'une telle brutalité avec tant de travailleurs et les premiers de cordée ignorent tant de monde qu'ils nourrissent la haine des élites et le repli identitaire. Progressisme et populisme produisent la même société de guerre permanente. La République a besoin de citoyens qui ne cessent de la ressourcer avec les idées que chacun d'eux apporte. Plongée dans la tragédie du réchauffement climatique qu'elle a généré avec son activité marchande, l'Humanité n'a plus le choix si elle veut continuer son chemin: amender son mode de vie.

Pour un nouveau contrat social

Etre citoyen ne peut se réduire au dépôt périodique d'un bulletin de vote dans une urne. La République doit s'assurer que chacun ait les ressources suffisantes pour devenir un citoyen actif et le devienne effectivement: droits et devoirs s'imposent à chacun. Le débat public doit être protégé de toute instrumentalisation des fonctions publiques au bénéfice d'intérêts privés: la corruption au sens de Machiavel. Un pacte girondin pourrait redéfinir les périmètre locaux, nationaux et européens de la souveraineté populaire et un pacte fiscal matérialiser le nouveau contrat social visant à créer une société écologique et solidaire.