Macron dit privilégier le travail, il encourage en fait la rémunération du capital. Aujourd'hui, l'aide publique contribue à la moitié des investissements réalisés en France. Et rien ne bouge en terme de propriété productive!
C'est le travail qui produit la valeur ajoutée; la richesse créée dans l'année en France, somme de toutes les valeurs ajoutées, était de 2229 Md€ en 2017. Les aides publiques puisent dans le PIB, elles contribuent à près de la moitié des investissements. Même si la propriété sur les entreprises doit être respectée comme un droit constitutionnel, rien ne justifie qu'elle doive s'accaparer le fruit du travail des salariés.
Le salariat représente 89,7% de l'emploi, c'est la forme dominante de l'emploi.
"Le salariat a la vie dure. Les digues sont solides. Il faudra beaucoup pour qu'elles rompent. Reste cependant l'inconnu de l'intelligence artificielle. [...] N'accélérons pas l'histoire, mais soyons conscients que les digues ne sont pas éternelles."
La précarité de l'emploi salarié augmente, les jeunes mettent de plus en plus de temps à acquérir un emploi à durée indéterminé à plein temps, gage de sécurité et nécessaire pour son intégration dans la société (condition pour obtenir un logement, pour obtenir un crédit, etc.).
Mais, qu'il soit salarié ou indépendant, le travail est aussi attaqué par le travail gratuit: "déni de travail au nom de valeurs supérieures" (Maud Simonet).
Ce n'est pas le travail gratuit qui pose problème, c'est son appropriation.
Ce n'est pas le travail gratuit qui pose problème, c'est son appropriation.
Au niveau de l'entreprise, cette appropriation est totale puisque le travail est considéré comme loué et que le profit est mis totalement à la disposition du propriétaire.
Or, la comptabilité montre bien à quel point le travail contribue au capital.
Or, la comptabilité montre bien à quel point le travail contribue au capital.
Comptabilité moyenne en France |
Le capital social représentant le capital mis par les actionnaires regroupés en société d'actionnaires dans l'entreprise ne représente en moyenne que le tiers des ressources de l'entreprise. Le reste des ressources est avancé par les banques sur la base de leur prévision de valeur ajoutée et alimenté sur les profits produits par le collectif de travail.
Toute personne qui travaille souhaite que son travail ait un sens et qu'il soit justement rémunéré.
Garantir au "propriétaire" un rendement maximum en un temps minimum ne mobilise personne à travailler, seul le projet le peut.
D'après l'étude "Syndicat et climat social: l'avis des salariés" Ipsos (Échantillon de 595 salariés interrogés du 10 au 18 octobre 1988), les trois préoccupations les plus citées sont le salaire, la garantie de l'emploi et l'intérêt du travail. Et 54% des salariés pensent que les syndicats doivent pouvoir intervenir pour les modifier éventuellement les choix économiques de l'entreprise.
La CGT propose aux salariés des repères revendicatifs pour leurs conditions de vie et celle de leur famille. Dans l'entreprise, ces repères visent à donner aux salariés les droits et moyens de contester les décisions. Mais la CGT ne se limite pas à la contestation et l'Ugict*, dans le document d'orientation adopté par le 18ème congrès à Perpignan et confirme sa décision du précédant congrès de travailler à un statut de l'entreprise distinct de celui de la société d'actionnaires:
"Nous refusons l’identification de l’entreprise à la société de capitaux et nous portons une nouvelle définition juridique de l’entreprise, comme collectif humain créateur de richesses, et un nouveau statut du chef d’entreprise, distinct du simple mandataire désigné·e par les actionnaires. Il s’agit de renforcer le rôle des salarié·e·s par de nouveaux droits et pouvoirs qui leur permettent de maîtriser les choix et les critères de gestion et de décider des orientations stratégiques."Deux sources alimentent les revenus des personnes physiques:
- les salaires rémunèrent les moyens mis à disposition par les salariés, c'est-à-dire une qualification et du travail;
- les résultats rémunèrent la contribution de chacun (entreprise, salariés et actionnaire) à la hauteur de leur contribution (la part du capital investi pour les actionnaires, les fonctions particulières tenues, la responsabilité et l'engagement pour les salariés).
En ce qui concerne les salaires, il est possible de tester** les propositions CGT sur le PIB 2017 de la France (cinq niveaux de qualification séparés par un écart de 20% du niveau précédent, une carrière pleine qui double le salaire initial de 18 à 60 ans, un taux de remplacement de 75% du dernier salaire par la pension).
Les 2/3 du PIB permettent de distribuer un salaire mensuel brut de 1913 € à un salarié sans qualification débutant.
La courbe des salaires serait alors le suivante:
Après la dernière campagne de l'élection présidentielle, il n'est pas possible d'ignorer le question du revenu universel. Que se passerait-il si aux propositions de la CGT on ajoutait un revenu universel mensuel de 1800 € pour toute personne de plus de 18 ans, une allocation mensuelle de 500 € pour chaque enfant et un taux de remplacement de la pension de 100%?
Les 2/3 du PIB permettent alors de distribuer à chaque adulte un revenu minimum de 1800 € et à chaque salarié en emploi un revenu mensuel minimum de 2198 €.
La courbe des revenus des adultes serait alors, sans changer la compétitivité nationale:
La France est un pays riche qui a les moyens de mettre en place un système économique efficace et une distribution de revenus juste et fraternelle.
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Notes
* Ugict = Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT
** Le test s'appuie sur une simulations basée sur la répartition démographique des qualifications qu'il faudrait :