24 janv. 2025

"Chères et chers camarades socialistes" - François Ruffin

France Inter - François RuffinFrançois Ruffin est l’invité de France Inter

Chères et chers camarades socialistes, 

Où allez-vous ? Quel est votre cap ? Je vous interroge parce que je redoute que, à nouveau, votre boussole se brouille, et n’indique plus clairement notre nord : du changement pour les gens, et contre l’argent.

Parlons-nous franchement : je vous dois mon engagement en politique. Contre vous. Contre vous durant plus de vingt ans.

Le lancement de mon journal, Fakir, en 1999, alors que les délocalisations font rage en Picardie, Magneti-Marelli, Honeywell, Whirlpool, et qu’un socialiste, Jacques Delors, a dessiné cette Europe de la « concurrence libre et non-faussée », et qu’un autre socialiste, Pascal Lamy, dirige l’Organisation Mondiale du Commerce et bâtit cette mondialisation malheureuse, et que votre candidat laisse de côté l’usine Lu à Calais et ne prononce pas le mot « ouvrier ». La « gauche », et à l’époque, le PS, c’est presque toute la gauche, la gauche de gouvernement lamine ceux qu’elle devrait défendre. Et par désespoir, elle nourrit le parti du pire.

Je consacre alors un livre presque entier, La Guerre des classes, aux renoncements du Parti socialiste, je remonte à l’ouverture de la « parenthèse » libérale en 1983 : « La gauche a gouverné pendant vingt ans d’affilée et ses idées d’origine, son fond de pensée, ont été balayés totalement, se réjouit le banquier (socialiste) Jean Peyrelevade. Elle a perdu 100 % de sa pensée économique. » Mais pour y mettre quoi ? Rien. Du vent, du vide, du néant. C’est présenté comme du « courage », alors, comme une fierté, que d’abandonner les travailleurs, l’égalité, la Révolution française, les classes. Des « archaïsmes », des « vieilles lunes »...

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