Face à l’ampleur du « trou » des finances publiques, faut-il réduire les dépenses en coupant dans les budgets, ou bien augmenter les impôts, en particulier ceux des plus riches ?
[Le Monde - Les débats éco du samedi 30 mars 2024]
Dans un entretien au Monde, l’économiste Antoine Bozio explique qu’« il vaut mieux prélever en aval de la production qu’en amont ». Il renvoie dos à dos les partisans de la baisse des dépenses et ceux de la hausse des recettes, arguant qu’il existe des « marges de manœuvre » des deux côtés.
« Une augmentation générale de grands impôts comme la TVA ou l’impôt sur le revenu serait une erreur monumentale », note l’économiste Alain Trannoy. Il remarque que les baisses d’impôt n’ont pas atteint leurs objectifs, et préconise des hausses temporaires et ciblées, en évitant tout « choc fiscal ».
Selon la députée européenne (Place publique) Aurore Lalucq, « le combat pour une fiscalité juste dépasse la seule dimension économique ». Elle rappelle qu’économistes et opinions publiques se rejoignent sur le principe d’une taxation plus forte des patrimoines et des profits les plus élevés.
« Financer des dépenses plus efficaces par des recettes moins destructrices pour la prospérité est un impératif », estime l’économiste Antoine Levy. Il propose de basculer le poids de la fiscalité des facteurs de production aux facteurs de rente.
« Les baisses de l’impôt sur les sociétés au cours des cinquante dernières années ont dopé l’innovation et l’emploi », ajoutent les économistes Olivier Cardi et Romain Restout, qui montrent que l’allègement de la taxation des bénéfices des entreprises concourt fortement à la croissance.