Je me suis syndiqué à la CGT en 1978, après un parcours de cinq ans comprenant trois ans d'études universitaires sous contrat, un an de formation interne, un an de service militaire, un an d'exercice au centre d'exploitation téléphonique international (Inter-Archives à Paris) et un an au CNET (Issy-les-Moulineaux) comme inspecteur des PTT. Après quarante-deux ans d'un parcours très diversifié, une expérience riche et une évolution de qualification reconnue (ingénieur DPE et master d'ergonomie de Paris V) je suis toujours syndiqué.
Dans la situation créée par la volonté d'instaurer un système universel des retraites sur un système de revenus si différentié, nous avons tous à nous préoccuper de partage des richesses et de gouvernement des organisations (entreprises, association et administrations) : c'est le champs syndical.
Je participe participe aux activités du syndicat des retraités de la fédération des activités postales et de télécommunications d'Ille-et-Vilaine, affilié à la CGT qui a tenu ce matin sa commission exécutive du mois de décembre. Une discussion extrêmement intéressante après un point de la situation présente.
Le camarade chargé de la présentation de ce point de situation prend toujours l'exercice à cœur et offre aux présents comme à tous les syndiqués grâce au compte-rendu diffusé, un point sur la situation qui nous sort de l'information en continue qu'on subit de la part des chaînes de télévision, des radios et autres GAFAM. Chacun peut intervenir, contester ou confirmer divers questions ou bien amener sa vision sur les questions qui l'interpellent.
J'ai pris la parole sur la question salariale et la reconnaissance de la contribution du travail à l'outil de production.
La question salariale n'est pas qu'une question de pouvoir d'achat. La question salariale est aussi une question de statut: salaires, primes, commissions, honoraires, dividendes, etc.
L'emploi n'est pas la seule source de travail. Croire cela, c'est supprimer toute valeur économique à quantité de travail dont on a vu l'utilité en confinement lors de la crise sanitaire qui nous frappe. Croire cela, c'est condamner la qualification et l'expérience à s'effacer devant la compétence attribuée par l'employeur et c'est conforter l'individualisation des salaires, la soumission au travail marchand qui ne valorise que le profit.
C'est le travail qui apporte les profits à l'entreprise et cette contribution n'est pas reconnue. Depuis son 17ème congrès, l'Ugict s'engage à la création d'un nouveau statut de l'entreprise distinct de celui de la société d'actionnaires. Le conseil d'administration est un organe de la société d'actionnaires. Le pouvoir des salariés dans l'entreprise ne pourra jamais s'y exercer. Le conseil d'administration de la société d'actionnaires doit se limiter à régler les questions qu'il a à régler, à savoir les conflits entre actionnaires Il.ne doit plus avoir la fonction de direction de l'entreprise, il ne représente que moins d'un tiers des ressources de l'entreprise en moyenne.
Un collègue est intervenu et m'a reproché de laisser entendre que je soutenais le capitalisme. Si je ne partage pas sa conviction d'avoir à construire un socialisme qui nous sauverait de la barbarie - "Socialisme ou barbarie?" demandait Rosa Luxembourg, je sais l'intérêt d'un Etat maître d'ouvrage pour animer dans les grandes lignes la réponse au besoin, mais aussi la nécessité de prendre en charge la maîtrise d'œuvre dans un certain nombre de secteurs. Par exemple, la mise en place de la fibre et le maillage en antennes sur tout le territoire pourrait être effectué par un opérateur public qui vendrait prix coûtant aux opérateurs privés pour ne pas dépenser d'impôts.
Retraité, le syndicat est un cadre d'activité passionnant est utile pour transformer la société, but très difficile à se donner pendant sa carrière. En retraite, plus d'employeur. Se syndiquer, c'est vivre pour que le monde d'après Covid ne ressemble pas à celui d'avant.