Marchand ambulant exerçant dans la ville de Sidi Bouzid en Tunisie s'est vu confisqué son gagne-pain par la police, toujours prompte à faire du zèle pour protéger un régime corrompu comme celui de Ben Ali. A 26 ans, il s'est immolé le 17 décembre 2010. Homme miséreux de 26 ans qui parvenait tout juste à subvenir aux besoins de sa famille, l'étincelle qui l'a tué a déclenché le printemps arabe.
La foule ne réclame pas seulement les moyens de vivre, mais surtout le droit d'exister et de s'exprimer librement. Malgré le savoir-faire en matière de maintien de l'ordre que la France lui a proposé et les tirs à balle réelle , le vieux dictateur n'a pu enrayer cette lame de fond qui l'a emporté. Mieux, le séisme a déclenché une lame de fond qui s'est propagée dans le Maghreb et le Moyen-Orient avec l'admiration et la confiance de l'opinion publique mondiale.
Mais le printemps arabe s'est vu bien vite étouffé par les contre-révolutions des anciens-régimes (le Président de la République arabe d’Égypte Abdel Fattah Al-Sissi), le djihadisme (cette folie qui veut soumettre le monde à son délire) et les puissances régionales et atlantiques (dont les autorités n'hésitent pas à nous compromettre) soucieuses de préserver leur influence.
"Dix années après Sidi Bouzid, la jeunesse tunisienne ne connaît du printemps que le nom, attribué par les médias à son soulèvement. Le chômage continue de frapper cette tranche d’âge dans les régions de l’intérieur laissées à l’abandon : le taux y reste deux à trois fois supérieur aux 16 % de la moyenne nationale. Les Mohamed Bouazizi sont légion, partagés entre le désespoir, l’envie de révolte et la résignation, en Tunisie et sous les régimes totalitaires en Égypte, au Maroc, en Algérie, en Syrie et en Libye déchirées par des guerres. S’immoler par le feu est devenu un acte courant, un fait divers, tout autant que l’exil au prix de sa vie." [L'Huma du jour]