21 mars 2020

Le baromètre de la CGT

Le baromètre de la CGT
L'économie n'est pas affaire de spécialiste, tout un chacun peut comprendre et discuter les "vérités" assénées à longueur de journées par les éditorialistes des grands media.
La CGT publie ce baromètre construit sur des données statistiques connues de tous pour partager une analyse différente. Ce livret doit permettre  aux militants d'argumenter et d'expliquer l'activité revendicative. Il aborde les thèmes suivants: travail et emploi, pouvoir d'achat et inégalités, protection sociale et services publics, coût du capital, éléments macroéconomiques,environnement.
C'est le travail qui produit la valeur ajoutée dont un tiers est destiné à, entre autres, réparer les actifs de l'entreprise et rembourser les avances des banques. Le collectif de travail investit donc dans l'entreprise. Les actionnaires ne sont pas les seuls investisseurs. L'entreprise ne se réduit pas à la société d'actionnaires.
Après un résumé du livret de la CGT, je présenterai la réforme qui doit organiser le partage du pouvoir dans l'entreprise entre société d'actionnaires et collectif de travail.

Le baromètre de la CGT

Les phénomènes économiques ont une fâcheuse tendance à être naturalisés. Pourtant, l'économie est une science sociale qui ne traite pas des lois économiques comme la physique, par exemple, le fait avec les lois de la pesanteur. Les désaccord entre économistes n'ont rien d'anormaux ou d'illégitimes.

Comprendre les chiffres c'est se donner les moyens de contester une vision de l'économie qui la met au service des 1% les plus riches au détriment de la majorité de la population. Les indicateurs choisis dans ce baromètre montrent la cohérence de la démarche de la CGT: justice sociale, efficacité économique et environnementale. La CGT souhaite ici contribuer à comprendre le présent et penser l'avenir de notre économie.

Travail et emploi

La société est essentielle pour l'humain et le travail structurant pour la société, il doit être émancipateur et permettre à chacun de trouver une place dans la société. Mais deux actifs sur dix sont privés d'un emplois à taux plein. Le chômage de longue durée a été multiplié par 2,5 en dix ans. Il y a 17 demandeurs d'emploi pour un emploi vacant. Le taux de précarité a doublé en trente-cinq ans. La  comparaison entre pays montre que travailler plus ne produit pas de la réussite économique.

Pouvoir d'achat et inégalités

Les 26 personnes les plus riches au monde détiennent autant de richesses que la moitié de la population dans le monde. Patrimoine et revenus sont de plus en plus concentrés. L'écart entre dividendes et salaires bruts s'est accru au bénéfice des premiers depuis 1980. Compte tenu de l’augmentation des prix, le salaire moyen n'évolue pas selon la croissance, mais surtout grâce à la hausse des qualifications. Le pouvoir d'achat des salaires souffre de la concentration des revenus et de la hausse des dépenses contraintes comme le logement.70% du patrimoine en France provient de l'héritage, rien à voir avec le mérite: 2147 milliardaires en 2018; 300 Md€ d'avoirs français dans les paradis fiscaux

Protection sociale et services publics

Malgré les "réformes" subies depuis 30 ans, la redistribution effectuée par la protection sociale et abaisse le taux de pauvreté de 22% à 14,1%. Mais l'étatisation de la sécurité sociale en dégrade l'efficacité et soumet la couverture des besoins aux aléas budgétaires de l'Etat. Si l'espérance de vie à la naissance a augmenté à plus de 80 ans, celle de la vie en bonne santé stagne autour de 63 ans. Les pays qui ont la densité d'emploi public pour 1000 habitants la plus forte, juste avant la France, sont les pays scandinaves, le Danemark et le Canada. Ce ne sont pas des pays qui souffrent économiquement. Depuis 40 ans, l'intervention publique est empêchée de lutter contre la pauvreté et l'inégalité, mais aussi pour un développement économique harmonieux sur le territoire.

Coût du capital

Depuis le milieu des années 1980, tous les gouvernements justifient leur détricotage de la protection sociale, ainsi que les exonérations sociales et fiscales par "la nécessité" d'assurer la compétitivité des entreprises comme les employeurs, la "modération" des salaires et les licenciements. Le "coût des salaires"! Par contre, le coût du capital n'est toujours éludé dans le débat public. Pourtant, à chaque exercice, le profit est amputé des dividendes ce qui réduit l'investissement, les exonérations sociales privent la protection sociale des recettes nécessaires pour répondre aux besoins et les crédits d'impôts dégradent le service public et génèrent la dette publique tant décriée: coût financier, économique et budgétaire du capital.

Eléments macro-économiques

L'économie n'est pas réservée aux experts qui n'ont de cesse de prouver qu'il n'y a pas d'alternative. Comprendre l'économie, c'est mettre en perspective ce qui se joue dans les secteurs et dans les entreprises. La folle course à la compétitivité en Europe a brisé l'Union; les aides de l'Etat à l'industrie ont plus gonflé les dividendes que les investissement creusant la balance commerciale des biens apparue au début du siècle; la baisse des recettes publiques a alourdi la dette publique; la dette privée explose; dix ans après la crise des subprimes, les banques sont toujours trop grosses pour faire faillite.

Environnement

Les plus riches sont ceux qui polluent le plus. Avec une population qui augmente et la destruction des sols, l'agriculture est poussée à toujours plus de rendement au détriment de la qualité de la production et de la santé des consommateurs. Sans politique industrielle, l'usage des énergies renouvelables est insuffisante. Modalités de transports et infrastructures publiques doivent porter le développement du transport ferroviaire, notamment de proximité et le fret ferroviaire. L'énergie est un service de première nécessité et l'isolement des logements est une urgence sociale et climatique. Il faut réduire notre empreinte carbone et éliminer nos importations évitables.

Commentaires

L'enjeu du pouvoir d'achat n'est pas le principal problème que doivent résoudre les salariés qui représentent plus de 90% des actifs. Ce sont les collectifs de travail de chaque entreprise qui produisent la valeur ajoutée et ont dégagé plus de 780 Md€ de profits. Aujourd'hui, ces profits sont pris par la société d'actionnaires qui en détourne une trop grande part au détriment des investissements comme le montre l'évolution de l'industrie, au détriment de la protection sociale grâce aux exonérations sociales  et au détriment des services publiques grâce aux crédits d'impôts et autres crédits d'impôts.

La société d'actionnaires apportent moins du tiers des ressources de l'entreprise, le reste étant alimenté par les profits produits par le collectif de travail. Le pouvoir de la société d'actionnaires est exorbitant et doit être remis au niveau de sa contribution réelle. Si le capital social représente K% des ressources de l'entreprise, son pouvoir dans l'entreprise ne doit pas représenter plus de K% des pouvoir du conseil d'entreprise qui décide.