Le FN est rejeté par le corps électoral, mais séduit plus de 6 millions des électeurs.
Malgré le « ni-ni » de Nicolas SARKOZY largement contesté aujourd’hui par son camp, la gauche et la droite ont su mobiliser pour priver le parti nationaliste de toute présidence de région. La victoire de la République universaliste, laïque et métissée qui fait la France profite aux responsables politiques les plus ouverts comme Alain JUPPE. Et le parti socialiste en sort rassuré, mais verrouillé par un pouvoir qui s’enferme dans ses solutions qui ne marchent pas.
Le succès du vote FN et l’émotion créée par les attentats de Paris ont mis au second plan l’économique et le social. Le premier secrétaire du parti socialiste touche pourtant bien à ce qui fabrique le désintérêt de la gauche électorale pour la gauche politique. Les gauches ont emprunté une voie sans issue : le PS au pouvoir appauvrit son corps électoral pour aider une entreprise fictive où le bénéfice produit par le capital et le travail appartient tout entier à la société des actionnaires.
Mais l’autre gauche se perd dans des querelles de chapelles. Elle n’arrive pas à mettre en action un potentiel militant d’une grande richesse, d’une grande diversité, entièrement plongé dans la réalité économique et sociale du pays.
Les efforts publics pour l’entreprise sont coûteux pour le travail, ils alimentent le chômage en privant l’économie des salaires qui sont éliminés par les exonérations de cotisations sociales, le poids des impôts qui remplacent les ressources de la sécurité sociale et la réaffectation des aides sociales dans les aides aux entreprises.
Le pacte de responsabilité est l’acte le plus irresponsable qui soit. Le PIB de 2 000 Md€ du pays est absorbé par les profits qui alimentent bien de 400 Md€ l’économie, mais au prix de 200 Md€ publics et un coût interdisant le développement d’un grand nombre de projets qui seraient rentables sans le prix exigé pour un risque évalué sans retenue.
Donner un statut juridique à l’entreprise, c’est le premier travail qui permettra de rendre vraiment responsable, le pacte de responsabilité. L’entreprise est une œuvre commune au travail et au capital. Pour cela, il faut que la rémunération du capital soit limitée au poids de son apport dans les ressources de l’entreprise, personne morale différente de la société des actionnaires.
Les cadres de la CGT réunis dans l’union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT) ont décidé en congrès (2014) de travailler une proposition de loi donnant statut à l’entreprise : voir le document d’orientation adopté (résolution I.1).
En 2011, le collège des Bernardins a lancé un chantier de recherche pour refonder une nouvelle pensée sur l’entreprise. Le programme 2015-2017 pour sur le gouvernement de l’entreprise vue comme une création de commun. Ce travail mobilise Blanche SEGRESTIN, titulaire de la chaire « Théorie de l’entreprise - Modèles de gouvernance & création collective » à Mines ParisTech ; Stéphane VERNAC, Université de Picardie, Jules Vernes ; Olivier FAVEREAU et Baudouin ROGER, Co-directeurs du département Économie, Homme, Société.
Les partis politiques susceptibles de porter cette transformation sont nombreux à mon sens – je crois sincères les responsables politiques, pour la plupart – et du plus large spectre des couleurs entre bleu clair et rouge. Il est temps de s’y mettre.