Après le succès du Front National supporté par près de 7 millions d’électeurs aux régionales 2015, une union nationale semble vouloir se dessiner entre une partie de la droite et la gauche au gouvernement. Mais pour l’instant, cette union nationale ne se construit que sur des personnes qui ne changent rien à la politique qu’ils défendent, droite et gauche ne ralliant l’union que sur la base de la réforme sociale (simplifier le code du travail) et de l’aide aux entreprises (en fait aux sociétés d’actionnaires, l’entreprise n’ayant aucune réalité juridique).
La droite est partagée entre de vrais conservateurs très identitaires (tendance Europe chrétienne anti mariage pour tous) et des centristes libéraux proches de la droite par ses fondamentaux économiques et de la gauche par son ouverture en matière de mœurs et de fraternité universelle.
La gauche est partagée entre des centristes redistributeurs de moins en moins ambitieux sur la transformation de la société et une multitude de groupuscules recroquevillés sur des doctrines rigides ou des solidarités tribales.
Politiquement, j’ai cheminé de mon héritage familial centriste chrétien social - mon grand-père maternel, maire de Régny dans la Loire, a accompagné le sénateur Claude Mont dans ses candidatures au milieu des années 1950 – à un humanisme laïc athée en passant par la gauche.
De ce passage par la gauche, je garde pleine conscience d’une lutte des classes actuellement gagnée par les titulaires de la propriété lucrative qui s’accaparent tout le bénéfice produit par le travail.
Bien sûr, le travail a besoin du capital pour s’exercer. Mais le capital perd sa valeur sans le travail et ne peut fructifier qu’avec lui. Cette composition du travail et du capital est tout à fait mystérieuse et ne permet pas de distinguer leur part respective dans le bénéfice. Le travail comme le capital n’est pas seul créateur de valeur ; le bénéfice n’est pas la propriété de la seule société des actionnaires (SA).
Supposons que l’entreprise ait statut de personne morale spécifique. La contribution de la société des actionnaires dans les ressources de l’entreprise (K%) pourrait servir de clef de répartition entre les dividendes versés à la société des actionnaires et l’alimentation des réserves propres de l’entreprise, investissement sans frais propres à l’entreprise.
La société des actionnaires peut augmenter sa part dans les ressources de l’entreprise en ne distribuant qu’une partie des dividendes à ses actionnaires et en alimentant les capitaux propres à la société qu’ils forment ensemble, ou bien en répondant aux augmentations en capital décidées par l’entreprise.
Le nouveau modèle de l'entreprise |
Naturellement, l’entreprise ainsi définie serait dirigée par un directoire comprenant K% de représentants la société des actionnaires et 1-K% de représentants du collectif de travail président par un directeur général.
En France, les entreprises affichent 35% de capitaux propres et produisent 700 Md € de profits. Au premier exercice de la mise en place de ce modèle d’entreprise, les ressources propres des entreprises seraient alimentées de 700 x (1 – 0,35) = 455 Md€. C’est un peu plus que ce qu’investissent les titulaires d’une propriété lucrative chaque année en France, mais sans dette supplémentaire pour les entreprises.
D’autre part, chaque année, les entreprises reçoivent 200 Md€ d’aides publiques qui seraient mis là pleinement au crédit des entreprises.
La constitution d’un consensus politique de la droite intelligente à la gauche est impossible sans cette réforme de l’entreprise. Elle ne serait qu’un assujettissement de la société toute entière à une minorité qui s’enrichit de plus en plus aux dépens de ses concitoyens. C’est inacceptable.
Bien sûr, j’ai un certain nombre d’amis qui refusent cette vision qui remet en cause la subordination du travail au capital sur laquelle ils ont bâti leur modèle de société. IL faut bien sortir de l’impuissance dans laquelle le progressisme s’est jeté.