22 nov. 2025

J.M. Keynes - Lettre à nos petits-enfants

Né le 5 juin 1883 à Cambridge, J.M. Keynes, conseiller officiel ou officieux de nombreux hommes politiques, l'un des acteurs principaux des accords de Bretton Woods, après la Seconde Guerre mondiale, est considéré comme l'un des théoriciens les plus importants de l'économie du 20ème siècle. En 1930, il nous a écrit et pensait bien que nous le lirions en 2030.

Après avoir détricoté le monde qu'il avait contribué à construire, nous, les personnes nées entre 1946 et 1965, devrions lire cette "Lettre à nos petits-enfants" et en réaliser la vision : Perspectives économiques pour nos petits-enfants paru dans The Nation and Athenaeum.

La crise de 1929 - une crise boursière qui s'est déroulée à New-York entre le jeudi 24 octobre et le mardi 29 octobre 1929 (l'indice principal avait été multiplié par 5 tout au long de l'année) - a touché le vieux continent, un an après. Keynes commence sa lettre en déplorant une crise aiguë de pessimisme sur l'économie. "Les maux qui nous frappent ne sont pas les rhumatismes du grand âge. Ce sont les troubles de croissance qu'infligent des changements trop rapides, un pénible réajustement dû au passage à une autre époque économique. [...] Malgré tout, le gâchis et la confusion qui en résultent ne nous coûtent que 7,5% de notre revenu national".

La grande dépression, le chômage, les erreurs désastreuses commises "empêchent de voir ce qui se passe en profondeur" : si les 4 000 ans précédant la fin du 18ème siècle ont produit un niveau de vie moyen très stable, le progrès technique et l'organisation économico-financière sont en train de permettre à l'humanité "de résoudre son problème économique".

"Je m'attends au plus grand changement qui se soit jamais produit."

Le problème économique dont parle Keynes porte sur la satisfactions des besoins absolus de l'être humain, l'accès à l'eau, à la nourriture, à la santé, au logement, à l'énergie et au chauffage mais aussi à l'école, à la communication, à la culture, à la sécurité pour pouvoir s'intégrer à la société humaine. Bien sûr, des besoins relatifs peuvent s'exprimer, ceux qui permettent de se sentir et d'être vu comme supérieur aux autres.

J.M.Keynes nous dit que l'Humanité aura résolu son problème économique, mais cela la privera de son objectif traditionnel, ses besoins absolus seront satisfaits avec peu de travail : "journée de trois heures,  semaine de quinze heures [...]".

"Je m'attends donc, à un horizon pas si éloigné, au plus grand changement qui se soit jamais produit dans l'environnement matériel de la vie pour tous les êtres humains. Mais son avènement sera progressif, bien sûr, pas cataclysmique. En fait, il a déjà commencé. Il y aura simplement des classes, des catégories de personnes de plus en plus nombreuses, pour lesquelles les problèmes de la nécessité économique auront pratiquement disparu. Le basculement décisif aura lieu quand cette condition tellement généralisée que la nature du devoir envers son prochain aura changé : il restera raisonnable d'œuvrer pour le bien-être économique des autres alors qu'il ne le sera plus d'œuvrer pour le sien.

[...] ne surestimons pas l'importance du problème économique ! Ne sacrifions pas à ses prétendus impératifs des soucis plus élevés et plus durables !"

"Pour la première fois, [...] l'homme sera confronté à son vrai problème permanent. Que faire de sa liberté arrachée à l'urgence économique ? Comment occuper les loisirs que la science et l'intérêt composé lui auront gagnés por mener une vie judicieuse, agréable et bonne ?"

Bientôt cent ans après, nous héritons de cette vision. 

La France produit 2 920 Md€ ce qui peut permettre à chacun de recevoir entre 2 207,00 € et 6 384,82 € par mois selon sa qualification et son expérience, qualités personnelles éminemment nécessaires à cultiver.

La CGT a chiffré le revenu nécessaire aux besoins absolus à 2 000 € par mois en 2022. La richesse de la France le permet en intégrant l'évolution du coût de la vie et un taux d'accumulation d'un tiers de la richesse que nous produisons. Chacun en bénéficiera.

Chaque citoyen peut assumer ses "besoins absolus".

Mais une population aussi nombreuse que le peuple français contient, comme toute population nombreuse, 5% d'éléments manifestent des besoins relatifs et cherchent à les assouvir. Ces personnes pourront confier leur argent à une entreprise ou faire preuve d'un zèle remarqué et recevoir des gratifications si, après report à nouveau dans les fonds propres, il reste du bénéfice.

La répartition finale des richesses produites en 2024, avec les dépenses de santé et de l'Etat 2024,  serait alors la suivante : 

16 700 Md€ tout continent confondu
Le monde lui-même produit suffisamment de richesse pour couvrir les besoins absolus de tous les humains de plus de 18 ans (71 % de la population mondiale soit environ 5,85 Md de personnes). Avec 91 047 Md€, le monde produit 16 700 Md€ par adulte, soit 1 390 € par mois. Avec une masse salariale de deux-tiers du PIB, cela donne 927 € par mois. Mais cette richesse est très diversement répartie entre les continents :

Il reste encore à travailler pour offrir à tous les humains les revenus qui leur permettrait de satisfaire leurs besoins absolus, mais en Amérique du nord, en Océanie et en Europe, il est possible de transformer le modèle de société dans le sens de la vision que Keynes transmet à ses petits-enfants, nous.

Cette transformation est nécessaire pour sortir de la dictature des plus riches, pour éviter la ploutocratie qu'ils veulent nous imposer, pour abolir la domination qu'ils nous infligent, pour sortir de leur folie de puissance. Cette transformation peut être réalisée en Amérique du nord, en Océanie et en Europe et il est de notre devoir d'accompagner l'Asie, l'Amérique du sud et l'Afrique vers cette transformation. La guerre économique n'est pas l'avenir de l'Homme et met en grand danger notre jardin d'Eden, la Terre.