Alternatives économique a rencontré Gérard Noirel à la suite de la parution de son livre "Le Peuple français" paru le 4 septembre 2025 chez Taillandier. Dans son entretien, l'auteur définit le peuple français comme la population qui paie l'impôt à l'Etat français. C'est ainsi que son "Histoire populaire de la France", commence "en 1439, quand Charles VII met en place la taille, l’impôt royal, régalien, qui permet de payer les soldats, de développer l’Etat, et qui va générer les luttes sociales – car les grandes luttes populaires, jusqu’en 1789, ce sont des luttes à partir de la question de l’impôt".
"Le peuple est donc l’ensemble des individus soumis aux lois d’un même Etat, y compris avec les privilèges sous l’Ancien Régime."
La République française est le produit de la Révolution française survenue "au nom de l’abolition des privilèges et de l’égalité devant l’impôt – une question qui, on le voit en ce moment, est toujours d’actualité !"
Individus dépendant d’un même Etat, le peuple n'est pas déterminé par le droit du sang ou par l'occupation d'un lieu géographique en opposition aux étrangers - il dépasse la notion de Nation - et ne peut se limiter aux classes populaires en opposition à l'oligarchie. Qu'ils aient ou non des papiers, les migrants qui envoient leurs enfants à l'école appartiennent au peuple français.
La vie et l’histoire d’un peuple est faite de solidarité et de domination.
Le succès contemporain du populisme vient de ce qu'il prend place dans dans les contingences de l'actualité contre les élites, mais dans l'intérêt final des classes dominantes, on le voit dans les prises de position du RN à l'Assemblée nationale et dans ses amabilités en direction du Medef.
Depuis que la révolution française a décrété le peuple souverain, aucun pouvoir ne peut être fondée sur une aristocratie dominante et un peuple soumis. Mais comme au temps de la monarchie de juillet, les mauvais pauvres issus des banlieues font peur quand le bon peuple de la France qui se lève tôt et forme la base des partis de l'ordre.
Plus que des désordres socio-économiques dont souffre une France en perte de pretige dans le monde, le populisme se nourit des jugements promus par des médias soumis aux puissance de l'argent que les inertventions bouculées des intellectuels confortent à défaut de temps pour présenter les résultats de recherches compliquées à comprendre. "L’offensive réactionnaire contre « l’islamo-gauchisme », cautionnée au plus haut niveau de l’Etat par l’ancien ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a fait long feu. Mais elle ressurgit régulièrement sous des formes diverses, relayée par les médias de l’empire Bolloré."
Pour défendre l'autonomie de la science, le collectif DAJA, une association d’éducation populaire qui intervient dans les lycées, les collèges et les centres sociaux, permet de s'adresser à des gens qui ne lisent pas. Ce travail collectif avec des enseignants du primaire, du secondaire, des travailleurs sociaux, des artistes est une forme d’engagement modeste plus utile à quelque chose que d’alimenter les polémiques stériles.


