Le Comité des finances locales, qui est loin d’être un nid de dangereux gauchistes irresponsables, a fait ses comptes. En 2025 ce sont plus de 8 milliards qui ont été ponctionnés dans les caisses des collectivités locales et, pour 2026, le chiffre grimpe en réalité à 10 milliards. À tel point que le CFL parle de « culture de la dissimulation » de la part des gouvernements Bayrou puis Lecornu.
Prises en étau entre injonction d’austérité et responsabilités accrues via les transferts de compétences, les collectivités territoriales subissent un étranglement budgétaire doublé d’une asphyxie politique. Depuis des années, et notamment avec la suppression de la taxe d’habitation, elles ont perdu une part majeure de leurs ressources fiscales.
La suppression des compensations promises pour équilibrer ces pertes les laisse le bec dans l’eau. Et quand elles ne sont pas purement et simplement supprimées, ces compensations sont conditionnées à des dépenses obligatoires liées à des objectifs nationaux.
Conséquence, les collectivités ont de moins en moins de latitude pour mettre en œuvre les orientations politiques sur lesquelles les majorités qui les dirigent ont été élues.
Étrangler économiquement les collectivités a des conséquences concrètes sur la vie des habitants en matière de services publics, de qualité de vie, de lutte contre le changement climatique.
Cela en a également en termes démocratiques. En limitant, faute de moyens, les choix politiques des exécutifs locaux, le macronisme entend ancrer l’idée selon laquelle, finalement, une seule politique est possible. Celle de cet « extrême centre » qui, comme le dit l’historien Pierre Serna, « a toujours eu une pente devant lui le menant vers l’extrême droite ».
Stéphane Sahuc