"C'est aux dirigeants d'évaluer leurs besoins en matière de rémunération" nous dit Louis Gallois dans les Echos du 4 janvier. Rédacteur du rapport pour la compétitivité de l'industrie française (2012), il avait sacralisé à l'époque le concept de compétitivité, aujourd'hui, il l'élargirait à celui d'attractivité: il militait alors pour le remplacement d'une large part des charges sociales par les la fiscalité; il milite aujourd'hui pour que l'acteur public (national et local) mette à disposition gratuitement tout un environnement public à la disposition des "investisseurs".
Dans son rapport de 2012, il a traité également la question de la gouvernance en proposant une certaine participation des salariés dans le conseil d'administration ou le conseil de surveillance des entreprises de plus de 5000 salariés. Mais il se gardait d'aller jusqu'à la cogestion allemande, chefs d'entreprise et syndicats ne lui semblant pas prêts (pas plus d'un tiers de salariés).
Quant aux rémunérations des dirigeants souvent jugées choquantes en France, Louis Gallois les jugent plutôt dans la moyenne au niveau international. Il en fait une question personnelle, les dirigeants étant légitimes à fixer leur rémunération selon leurs besoins au nom de leur contribution.
"Au cours des quarante dernières années, le travail en est venu à ne plus assurer un revenu suffisant et stable pour un nombre croissant de personnes" écrit le Financial Times. Le journal passe sous silence l'action dévastatrice de la dérégulation financière et économique sur la société chère à Margaret Thatcher et Ronald Reagan dans les années 1980. Il parie toujours sur le capitalisme pour améliorer la situation. Il considère le précariat comme un gâchis de ressources source d'inefficacité. Mais il condamne toute autre forme d'organisation économique (socialisme?), sans préciser comment le capitalisme doit être modeler pour assurer une vie digne à chacun.
Il ne faut rien attendre de Louis Gallois pour modeler le capitalisme vers plus d'égalité, il milite pour la baisse des plus bas salaires par la prise en charge publique des cotisations sociales et la création publique d'un écosystème favorable aux entreprises: rien sur les emplois, rien sur les salaires.
Les propositions de Louis Gallois sont à l'œuvre depuis près de trente ans, la publication du livre blanc de Rocard, l'institution de la CSG et la réforme des cotisations sociales de Balladur en ayant marqué le point de départ. On est loin de l'objectif donné par le Financial Times au capitalisme.