7 sept. 2025

Tâchons d'éviter la guerre civile, il est temps de dialoguer Monsieur le Président.

L'Homme est un animal social qui n'a pas inventé la vie en société - la généalogie du vivant montre largement le succès rencontré par ce mode de vie. Et avec la société vient la hiérarchie entre ses membres jusqu'à l'existence de classes dominantes et dominées, les dominés pouvant accepter leur domination ou s'engager dans une lutte des classes qui peut aller jusqu'à la guerre civile.

Le monde humain est dominé par le capitalisme, mais l'Histoire a produit une structuration en Etats susceptibles de développer du droit limitant la liberté des dominants pour émanciper les dominés - c'est le projet républicain de la révolution française, guerre civile à l'origine de la France moderne.

"L'âge d'or d'une société paysanne et artisanale libre et autonome [...] (n'a) jamais (existé) [...] l'exploitation a toujours été féroce : (esclavage), servage, métayage, métayage, impôts..."*  Le capitalisme réduit le travail à une marchandise. Au 19ème siècle - "l'âge d'or du capitalisme !" - le salariat n'existait pas. Il apparaît avec la création du contrat de travail (1906) et du code du travail (1910). Avant régnait le travail à domicile sur commandes adressées par des négociants à des ouvriers qui pouvaient eux-mêmes commander des ouvrages à des ouvriers dans le cadre familial - la sous-traitance généralisée.

Le code du travail est l'arme des travailleurs utilisée contre la sous-traitance - aujourd'hui portée par le statut d'auto-entrepreneur. Le code du travail a contribué à rationaliser la production et les capitalistes ont gagné en efficacité politique avec une concentration dans de grandes unités de production. En 1946, la création du régime général de la Sécurité sociale conduite par Ambroise Croizat étend le contrôle des travailleurs sur la production des richesses avec la gestion ouvrière des caisses de la Sécu, l'investissement dans des établissements de santé (CHU) dirigés par des directeurs d'hôpitaux élus.  "Progressivement, avec un salaire à la qualification professionnelle et de plus en plus garanti hors emploi (Sécu chômage et retraite),il est possible de s'engager dans du travail non capitaliste."* (chômeurs, retraités engagés dans des associations, retraités et petits-enfants...). En 1946 toujours, le statut de la fonction publique est créé et le salaire devient un émolument du travailleur selon la qualification qu'elle apporte et non plus celle de son poste.**

"La contre-révolution capitaliste en cours [...] tente de restaurer la sous-traitance contre les potentialités émancipatrices du salariat."* Le statut d'auto-entreperneur, le revenu de base permettant de cumuler les revenus d'activité semble libérer du travail, mais ils déctricotent "les institutions du travail et leurs potentialités de contrôle de l'économie rêvélées par le régime général de la Sécu".*

Excédent d'exploitation de la Société d'Actionnaires ou cotisation économique du Collectif de travail ?

Pour rendre libre chaque citoyen, il faut lutter contre l'apparition de situations de domination. La Révolution française a supprimé les droits de la noblesse et de l'église et instauré la démocratie politique dans un long combat toujours d'actualité. Aujourd'hui, les chaînes sont économiques.

Le travail ne se résume pas à l'emploi. Le travail, c'est un espace à trois dimentions*** : l'activité, l'ouvrage et le rapport social. Ces trois dimensions sont ignorées dans l'emploi capitaliste pour qui la valeur ajoutée appartient à la Société d'Actionnaires dont l'objectif est d'augmenter au maximum l'excédent d'exploitation. Le Collectif de Travail est exclu de l'entreprise réduite à la Société d'Actionnaires.


La Valeur Ajoutée appartient au Collectif de Travail qui l'utilise pour payer les salaires, mais aussi pour conforter et développer l'entreprise.

Le Collectif de Travail doit prendre la main sur la valeur ajoutée : il doit pouvoir décider de l'activité et de l'ouvrage, ainsi que de la distribution des salaires pour construire le rapport social entre les travail propre à éliminer toute source de domination.

Tâchons d'éviter la guerre civile.

Nous sommes à la veille du vote de confiance qu'a demandé le premier-ministre Bayrou sur son budget 2026 qui ne compte que sur les économies de dépenses pour réduire le déficit du budget de l'Etat. "Plus de sept Français sur dix (72 %) estiment que les efforts demandés par le Premier ministre sont trop importants." titre le journal Les Echos dès le 31 juillet. Depuis l'été court un appel à "tout bloquer". 

Après la réforme des retraites imposée par 49.3 malgré le mouvement social déployé par toutes les organisations syndicales et le refus majoritaire de l'Assemblée Nationale,
après le refus de nommer un premier-ministre issu du groupe NFP le plus nombreux à l'Assemblée Nationale,
les citoyens sont appelés à manifester par toutes les organisations syndicales.

Mais le souvenir des violences qui ont marqué les manifestations des Gilets jaunes et le blocage démocratique dans lequel nous enferme la Présidence de la République doivent être dépassées. En 1789, c'est la Royauté et l'Eglise qui portent la responsabilité de la Terreur. Aujourd'hui, c'est la droite qui soutient la Présidence de la République qui peut éviter la guerre civile et qui doit entendre les propositions du NFP (même avec un an de retard), de la CGT, du PS, des Ecologistes, du PCF, de LFI et même du RN et son programme dont le centre de gravité vise à supprimer toute cotisation et mutualisations dans la plus grande opacité et pour le plus grand bonheur du Medef, le plus sûr moyen de généraliser la pauvreté.

Le gouvernement n'obtiendra aucune confiance, le mouvement social doit imposer le dialogue avec la gauche du NFP à la Présidence de la République.

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Notes

*     Le revenu de base contre la décroissance de Denis Bayon (La décroissance n°217 mars-avril 2025)
**   Bernard Friot (Réseau salariat)
*** Troubles dans le travail de Marie-Anne Dujalier (PUF, 2021)