Politistes et sociologues ont démontré le lien entre insatisfaction au travail et vote pour l’extrême droite. Le rejet politique actuel est aussi celui des réformes du marché de l’emploi.
[Le Monde - Les débats éco du samedi 15 juin 2024]
« Les savants équilibres qui gouvernent le droit du travail et la protection sociale sont probablement sous-estimés », estime l’avocat Laurent Moreuil. Il met en garde contre les conséquences de la réforme de l’assurance-chômage sur les équilibres créés par les réformes précédentes.
« L’assurance-chômage n’est pas le seul levier pour augmenter l’emploi », affirment les économistes Thomas Le Barbanchon, Roland Rathelot et Alexandra Roulet. Ils constatent que réduire les conditions d’éligibilité et le niveau des allocations réduit la durée du chômage, mais peut aggraver les difficultés de certains.
« Comment expliquer que les salaires ne réagissent pratiquement pas au manque de main-d’œuvre ? », s’interrogent quatre économistes français et allemands. Ils proposent de rendre obligatoire la publication du niveau de rémunération dans les offres d’emploi, afin de rééquilibrer les rapports de force sur le marché du travail.
« Les fonctionnaires sont en demande d’une visibilité accrue sur l’avenir », soulignent les professeurs de gestion Alain Klarsfeld et Anthony Perrier. Ils montrent qu’il ne peut y avoir de réduction de la protection sociale sans contrepartie salariale.
« Il est évident que les seniors et leur contribution à la croissance économique méritent mieux qu’une négociation sociale inaboutie », observe Thierry Legrand-Browaëys. L’échec des négociations paritaires sur les conséquences de la réforme des retraites sur l’emploi montre que les entreprises ne sont pas prêtes à gérer le recul de l’âge de départ.