Sur le banc des accusés ou pionnières de la transition, les entreprises sont-elles véritablement capables de changer de modèle économique et de mode de gouvernance ?
[Le Monde - Les débats éco du samedi 9 septembre 2023]
Face aux enjeux climatiques, l’entreprise doit admettre l’implication nécessaire de la société dans sa gouvernance, estime l’économiste Pierre-Yves Gomez. « Dette écologique et limites planétaires caractérisent la “sociétalisation” du capitalisme », explique-t-il.
Selon l’économiste Florence Palpacuer, « la marchandisation de l’éthique est indispensable au fonctionnement du capitalisme contemporain ». Elle considère que la prolifération des rapports, des audits, des normes et des discours managériaux « responsables » constitue un processus purement fictif.
« Les partisans de la “bonne gouvernance” des entreprises ont tendance à se concentrer davantage sur les apparences que sur la substance », ajoute la juriste américaine Katharina Pistor. Elle remarque que la floraison de normes, de labels et d’« engagements » environnementaux sert de paravent à la poursuite d’un « business as usual » destructeur.
« Le système allemand de codétermination a été le fruit d’un important mouvement de mobilisation sociale », note de son côté le chercheur Peter Wirtz. Il décrit la convergence des facteurs historiques, politiques et sociaux qui a permis d’imposer un mode de gouvernance nouveau à la tête des entreprises allemandes en 1951.
Pour l’expert du développement durable Patrick d’Humières, « les multinationales sont loin d’avoir tiré les conséquences géopolitiques de leur puissance nouvelle ». Il plaide pour une démocratisation franche de la gouvernance des grands groupes.