Les syndicats et le gouvernement se disent prêts à négocier sur le travail. Mais comment discuter quand la défiance reste un trait dominant des relations sociales en France ?
[Le Monde - Les débats éco du samedi 13 mai 2023]
« Le travail est maltraité », constatent les deux chercheurs en économie et en gestion Philippe Askenazy et Frédéric Garcias. Ils dressent un parallèle entre la gestion de la réforme des retraites et l’organisation du travail.
« Il convient d’en finir avec les certitudes libérales et technocratiques qui ont enfanté bien des troubles actuels dans le monde du travail », renchérit le sociologue Michel Lallement. Il démystifie les discours récurrents sur la « crise du travail ».
« Ceux qui pensent le travail ne sont pas ceux qui l’accomplissent et se confrontent à sa réalisation », estime le sociologue Olivier Cousin. Il rappelle que, si les conditions de travail ont fortement évolué au fil du temps, la séparation entre conception et exécution reste une constante.
« Il est nécessaire d’augmenter les salaires, de repenser le management et de réformer les organisations du travail », ajoute la sociologue Maëlezig Bigi. Elle observe que les travailleurs français sont, en Europe, ceux qui ont le moins le sentiment d’être « bien payés » pour l’effort fourni.
Enfin, « la pandémie de Covid-19 aurait-elle amélioré l’autonomie des salariés autrement plus puissamment que des armées de consultants ? », s’interroge le chercheur en gestion Jean-Pierre Bouchez. Il note un effet durable du télétravail sur la confiance réciproque entre managers et salariés.