13 nov. 2022

Relever les défis

Les défis qui se présentent à nous sont gigantesques. Il me semble quand même que laisser l'emploi et les salaires soumis au marché interdit tout chemin consensuel. Pour que les efforts soient acceptés par tous, pauvres qui ne voient pas pourquoi ils devraient encore plus se priver ou riches pourquoi ils ne disposeraient pas librement de ce qu'ils ont gagné, il faut se lancer dans une réforme structurelle de la société.

La France est un pays riche et chacun peut se situer par rapport à ses concitoyens en salaire/pension et en patrimoine. Répartir la valeur ajoutée selon qualification et expérience, imposer une cotisation de tous d'un tiers de ce qu'il gagne pour conforter et développer l'outil de production, ainsi que pour gratifier ceux qui ont investi financièrement (dividendes) ou laborieusement (primes), mais aussi une cotisation de 15% pour assurer la santé de chacun permettrait de mettre en place un consensus vraiment partagé.

Le 19ème siècle a été celui de la propriété privée des moyens de production, le 20ème celui de la propriété publique, faisons du 21ème celui de l'usage de la valeur ajoutée. Ce système de répartition peut être mis en place dans chaque pays. Il faut trouver la voie pour y parvenir.

Le premier pas pourrait être juridique. Donnons un statut juridique à l'entreprise distinct de celui de la société d'actionnaires pour prendre en compte la contribution du collectif de travail aux ressources. La distribution du PIB aux citoyens pourrait être rendu possible par la cotisation de deux tiers de la valeur ajoutée de chaque unité de production à une caisse des salaires qui distribuerait à chacun un salaire selon :

  • sa qualification - par exemple, cinq niveaux (inférieur au bac, bac, licence, master et doctorat) acquis en formation initiale, continue ou en validation des acquis (conjointement par l'employeur et l'institution éducative) déterminerait cinq niveaux de salaire séparé de 10 ou 20% ;

  • son expérience - assurant, par exemple, un doublement du salaire initial déterminé par la qualification entre 18 et 60 ans évoluant tant qu'on est en emploi ou en formation, avec une stabilisation au salaire atteint à 60 ans.

Grâce au nouveau statut de l'entreprise, l'usage du tiers de la valeur ajoutée restante serait déterminé au sein du conseil d'entreprise dans lequel serait représenté la société d'actionnaires avec k%* des sièges et le collectif de travail avec (1-k%) des sièges: amortissements permettant d'entretenir l'outil de travail, remboursement des dettes, consolidation des fonds propres et développement de l'outil de travail et détermination du bénéfice destiné aux gratifications : K%** en dividendes aux actionnaires selon leur portefeuille et (1-K%) en primes aux salariés selon la politique de ressources humaines du collectif de travail.

Une entreprise disposant d'un statut de bien commun donnant à chacun son droit de parole serait plus respectueuse de la société et de l'environnement.

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* k% = part du capital social dans les ressources
** K% = part du capital social dans les fonds propres