19 nov. 2022

La "juste valeur"

L'économie serait soumise à une loi - la dure loi de l'économie - et la comptabilité serait l'outil neutre qui la révèlerait, elle ne servirait qu'à calculer le profit réaliser. Personne ne peut en contester les conclusions! Pourtant, pour permettre la comparaison entre pays différents, l'Union européenne a confié l'harmonisation comptable à l'International Accounting Standards Board. Les normes produites n'ont plus pour objectif de rendre service aux entrepreneurs qui cherchent à conforter l'entreprise, mais aux investisseurs qui achètent et vendent des entreprises.

Quelle est la valeur des actifs (locaux et bâtiment, machines, stocks et créances) de l'entreprise? à l'origine, c'est la valeur historique qui était prise en compte, celle à laquelle l'entreprise les a acheté. L'IASB évalue cette valeur au prix du marché, c'est-à-dire à celle que l'entreprise obtiendrait en vendant ses actifs. Cette valeur n'a de juste que le nom. C'est une autre façon de l'évaluer la richesse qu'elle représente. Alors que la valeur historique évalue cette richesse réside dans l'utilisation des actifs que l'entreprise en fait, l'usage de la valeur au prix du marché ramène l'entreprise à un portefeuille d'actifs que l'on peut vendre dès qu'une opportunité se présente, par exemple quand les bâtiments se trouvent sur un terrain qui fait l'objet de l'intérêt d'une multitude de promoteurs immobiliers.

En fait, la comptabilité classique donne une idée de la juste valeur à chaque exercice. Les actifs vieillissent et il faut les entretenir pour qu'ils ne perdent pas leur valeur. L'entreprise affecte une part de ses profits à cette entretien: c'est l'amortissement. La juste valeur est bien la valeur historique qui est maintenue par les amortissements.

L'adoption de ses normes promues par l'IASB pousse aussi à évaluer le capital social (ce qu'ont apporté les actionnaires) au prix fixé par les cotation en bourse. Mais cette valeur, l'entreprise n'en dispose pas, ce n'est qu'une convention entre boursicoteurs. Alors non, vraiment, reprenons le point de vue de l'entreprise et remettons celui des actionnaires à sa place.