27 mai 2022

La révolution par le droit.

Le macronisme s'est présenté comme la politique du juste milieu, François Bayrou s'est embarqué immédiatement en entraînant la droite centriste, comme Gérard Collomb qui a entraîné la gauche centriste. Mais Emmanuel Macron est allé plus loin avec son livre "Révolution" et son mouvement "En marche". Et il a bousculé avec ce qu'il appelle l'Extrême-centre, rejetant tout ce qui se positionne à l'extérieur dans l'Extrême-droite ou l'Extrême-gauche.*

En fait, l'Extrême-centre peut frapper à gauche comme à droite, c'est l'évolution de n'importe quel mouvement politique installé au pouvoir depuis suffisamment longtemps qui rejette toute contestation dans l'extrême pour justifier un maintien de l'ordre absolu, jusqu'à l'usage d'une violence policière agressive qui se dit elle-même comme anticriminelle.** Considérer la contestation comme criminelle est typique de l'état totalitaire, l'extrême-centrisme est la première marche vers le totalitarisme. C'est un mal dont tout mouvement politique est capable, même le plus "juste-milieu", la démocratie est un effort permanent.

L'équilibre entre trois modèles de société a rendu l'investiture Macron 2 plus tempérée que la première. Et pourtant, Emmanuel Macron a mis en avant son Extrême-centrisme - probablement en limitant le concept au juste-milieu Aristotélicien. Mais il se place explicitement au centre en qualifiant les deux autres modèles d'Extrême-droite et d'Extrême-gauche. Il doit son élection à la gauche et il le sait. Et cela n'empêche pas ses partisans et les éléphants du PS de renvoyer cette gauche rassemblée (LFI, EELV, PCF et PS) dans la nouvelle union populaire écologique et sociale (#nupes) à l'Extrême-gauche.

Dans sa lettre à la Nupes, le Parti Ouvrier Indépendant Démocratique (POID) la critique pour ne pas choisir entre gouverner pour la majorité qui vit de son travail et rompre avec Macron et les patrons se soumettre aux institutions et au président Macron et donc à la minorité capitaliste qui vit de l’exploitation. La #nupes serait donc au centre.

Jean-Luc Mélenchon introduit le programme de la nouvelle alliance populaire écologique et sociale par ces mots: "Voici qu’un jour nouveau redevient possible. Celui où gouvernera la volonté d’harmonie entre les êtres humains et avec la nature. Celui où est donnée la priorité aux ruptures écologiques et sociales que notre époque impose quand s’installe le changement climatique et se répandent des inégalités de fortunes telles que vingt personnes possèdent autant que trois milliards de leurs semblables. Celui qui en finit avec les maltraitances des politiques libérales et fait reculer l’emprise de l’extrême droite. Si la France le veut, avec les élections législatives, elle peut faire naître ce jour nouveau." Rien de très révolutionnaire en effet.

Proposer d'améliorer le sort de ceux qui ne profitent pas du dynamisme économique du pays n'a rien de révolutionnaire. Les propriétaires des entreprises qui s'accaparent la valeur ajoutée en indemnisant ceux qui la produisent par un salaire trop bas.

Terra Nova vient de publier une note de Guillaume Hannezo qui promet une explosion des déficits publiques et du chômage, ainsi qu'une dynamique insoutenable de la dette publique à la #nupes, la contraignant au "choix de Tsipras" - quitter l'Union européenne ou en accepter les austères règles.

L'adhésion de Génération.s, d'EELV, du PS et du PCF, partis politiques présentés comme membres de la gauche de gouvernement, serait due à leur souhait de se faire accepter dans les cortèges de manifestation et consisterait en "un alignement sur les positions programmatiques de LFI" ! Pourtant, la nouvelle union populaire a défini la liberté de vote par groupe et la coordination dans un inter-groupe. Ce n'est pas du tout le cas pour l'autre coalition, celle de Macron.

Les critiques au programme  qui comptent, celles qui ne cachent pas une manipulation sont celles du POID et de Terra Nova qui se rejoignent en fait : le choix de Tsipras mis en avant par Terra Nova contre la #nupes que le POID reproche à la #nupes de ne pas éviter par la rupture avec le capitalisme, la suppression de la propriété lucrative des moyens de production.

Le plan d'urgence sociale,  présentée le 25 mai 2022 propose l'action immédiate envisagée pour répondre à la situation de forte inflation et les problèmes de pouvoir d'achat, mais aussi l'action plus ambitieuse visant l'accès aux réseaux et son financement. Un tel plan d'urgence est nécessaire pour garder la cohésion de la société et le libéralisme de Macon ne peut pas répondre au même cahier des charges, au contraire. Pire, ses mandataires ont la capacité de placer la #nupes dans les conditions d'avoir à répondre au choix de Tsipras. Ce  pouvoir, ils le tiennent de l'absence de statut de l'entreprise qui leur permet d'usurper tout le pouvoir, alors que c'est bien le collectif de travail qui produit la valeur ajoutée et finance la réparation de l'outil de production, les crédits obtenus des banques, la confortation des fonds propres et les gratifications (dividendes et primes). C'est l'entreprise qu'il faut réformer pour qu'elle devienne un véritable bien commun pour éradiquer la pauvreté.

La programme de la #nupes répond aux urgences écologiques et sociales, mais le droit (des entreprises) doit être révolutionné pour en assurer la pérennité. Pour cela, il n'est pas nécessaire d'attenter à la sacro-sainte propriété des sociétés d'actionnaires sur le capital social dont il faut juste limiter le pouvoir dans l'entreprise en reconnaissant la légitimité de la propriété d'usage des collectifs de travail et leur pouvoir dans l'entreprise qu'ils doivent en tirer.

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* Le LR  explose entre Extrême-centre et Extrême-droite et le PS adhère à la NUPES, l'ancienne direction refusant la démocratie interne rejoignant massivement l'Extrême-centre.
** L'usage des brigades anticriminalité (BAC) est la marque d'une évolution caractéristique marquant le pouvoir depuis la fin du quinquennat Hollande et l'opposition aux lois travail dites El Khomri.