28 févr. 2020

Salaire à la qualification, propriété d'usage

Dans cette vidéo, (entretien réalisé par Thinkerview le 13 mars 2018), Bernard Friot nous présente une vision de l'histoire récente riche de promesses futures. Cette vision est portée par l'association Réseau salariat. Le partage de cette vidéo m'a valu un certain nombre de critiques que je veux commenter ici.


"Merci à Alex pour sa contribution."
La victoire des mouvements de travailleurs organisés seraient voués à l’installation d'une nomenklatura.
Il ne s’agit pas de nationalisation ici, mais, au niveau de chaque entreprise, de la reconnaissance de l’apport en capital effectué par les travailleurs par la transformation de la propriété patrimoniale de la société d'actionnaires par une propriété d'usage.

Dans les PME (la moitié des entreprises), le propriétaire travaille et garde une autorité réelle sur le travail. Son autorité est largement acquise auprès des salariés. Mais dans les ETI (1/4 des entreprises) et plus encore dans les GE (1/4 des entreprises), ce n’est pas le cas.

L’éclatement du pouvoir économique au niveau de chaque entreprise prémunit contre la constitution d'une nomenklatura plus sûrement que les relations de réseau liant les plus riches.
Ce ne serait pas le capitalisme qui détruirait le travail humain, mais le progrès et la numérisation.
J’ai participé aux débats sur la transformation numérique du travail à l’UGICT. En fait la technologie change les métiers et augmente la productivité. La disparition du travail humain est bien le choix fait par les propriétaires du capital social, ils accaparent l’augmentation de productivité produite par la numérisation du travail. L'UGICT propose d'en profiter pour améliorer les conditions de travail.
Le souhait de détourner les consommateurs d'une consommation inutile devrait être décidée par une instance à la tête de l'Etat, et donc par la nomenklatura.
Il s’agit juste du résultat d’un conditionnement environnementale, comme celui que produit le marketing aujourd’hui. Le communisme de Bernard Friot n'est pas un communisme centralisateur.
Le discours de Bernard Friot serait silencieux sur la nécessaire compétitivité du pays sur les marchés mondiaux: nous devrions exporter suffisamment, avoir une productions suffisamment large pour éviter les importations.
Ce sont des problématiques locales qui doivent être gérées localement dans les entreprises, l'Etat, les collectivités territoriales pouvant mettre en place des dispositifs facilitateurs ou contributifs (infrastructures et services).
Bien sûr, cette nécessaire compétitivité devrait contraindre les salaires et les conditions de travail.
L'industrie est nécessaire pour assurer le bon équilibre commercial avec l'extérieur (Pas de compétitivité sans industrie) et la désindustrialisation n'est pas expliqué par le niveau des salaires.

La question des salaires pose d'abord un enjeu de répartition. Depuis une quarantaine d'années, les salaires représentent les deux tiers du PIB. Par contre, les très hauts salaires, sans limites, ont un effet confiscatoire suffisant pour augmenter la pauvreté, le niveau de chômage accentuant la pression sur les salariés pour les pousser à accepter l'insupportable.
Il serait nécessaire de séduire "les investisseurs" et de n'augmenter les bas salaires que lorsque l'économie le permettrait, d'assurer une protection sociale minimale à chacun sans augmenter les coûts et d'encourager les entreprises à impliquer les salariés dans les décisions.
Chaque année, les salariés investissent le tiers de ce qu'ils produisent. "Les investisseurs" coûtent la moitié de cet investissement au nom de leur propriété sur le capital social qui représente, en moyenne, moins du tiers des ressources.

Les salariés, en reconnaissance de leur contribution, peuvent prétendre à une propriété d'usage sur les ressources. Cette propriété d'usage justifie leur implication dans les décision (plus des deux tiers des voix en moyenne).

Le premier acte de la révolution portée par Bernard Friot me semble devoir être la création d'un statut de l'entreprise distinct de celui de la société d'actionnaire. L'entreprise doit être gouvernée par un conseil d'entreprise dans lequel la société d'actionnaires aurait le poids du capital social dans les ressources de l'entreprise  le collectif de travail, le complément.

Le deuxième acte me semble être la mise en place d'une caisse des salaires qui les répartirait selon la qualification et l'expérience de chacun alimentée par une cotisation des entreprises de deux tiers de la valeur ajoutée. Le profit serait investi et le bénéfice éventuel serait réparti en un tiers en fonds propres (copropriété capital-travail), un tiers en primes pour les salariés et un tiers en dividendes.