6 févr. 2020

Qu'est-ce qu'une retraite juste?

En pleine révolte contre la "réforme des retraites", juste avant sa présentation à l’Assemblée nationale, l'Observatoire des inégalités publie sa vision d'une retraite juste. La justice sociale, c'est la raison d'être officielle de la réforme portée par Macron - la raison profonde étant d'empêcher le budget des pensions de croître en fonction des besoins. 

Les principes de justice pour la retraite, selon l'Observatoire, sont:
  • l'existence d'une pension minimale;
  • les mêmes règles pour tout le monde;
  • une inégalité limitée;
  • la prise en compte des espérances de vie à la retraite.
On reconnaît là la réforme Macron: système universel assurant une pension minimale limitant l'inégalité due aux salaires (à plus de 10000€ par mois on peut se payer de l'épargne retraite, par ailleurs aidée - mais qui paie cette aide?).

Principes de la retraite actuelle

La retraite construite en France, certes abîmée par une trentaine d'années de "réformes" cherche à construire la pension la plus proche du dernier salaire, à proportion de la durée de la carrière. Pour maintenir ce lien, la pension est indexée sur les salaires. Les cotisations sont calculées pour répondre aux besoins.

Principes d'une retraite juste

Appliquer les mêmes règles pour tout le monde n'a rien de juste, ces règles s'appliquant sur des systèmes de salaires si différents. De plus en plus soumis aux règles d'un marché léonin où l'employeur décide de tout et où le plus fort d'entre eux peut se payer à prix d'or, les cadres de haut niveau aux compétences les plus rares.

Une pension minimale risque de devoir être généralisée en prenant comme référence des paramètres éloignés des meilleurs salaires ou de celui des six derniers mois. La moyenne des dix meilleures années du régime général assurait un taux de remplacement meilleur que les six derniers mois du régime des fonctionnaires.

Le seul système juste de retraite est celui qui fait de la pension un salaire continué qui permette aux retraités de bénéficier du développement économique au même titre que les salariés sur un budget des deux tiers du PIB.

Le retraité n'est pas un inactif: la plupart du temps il pallie, soit individuellement, soit au sein d'associations, les défauts des services publics de garde des enfants, d'hébergement des personnes dépendantes, d'indemnisation des chômeurs, de lutte contre la pauvreté, d'accompagnement des immigrés, etc. Ces activités ont une valeur. L'emploi ne couvre pas toutes les situations de travail, il est temps de le reconnaître.

A la suite des mobilisation contre la réforme des retraites, deux modèles de société s'affronte:

  • la société individualiste de Macron où chacun se paie sa sécurité, où le service public ne garantit qui le minimum très vite à la frontière de l'insuffisant;
  • la société solidaire où la richesse créé est partagée entre tous selon des règles construites par la démocratie sociale en ménageant un profit permettant de développer le système économique en reconnaissant la contribution du travail au sein de chaque entreprise, chaque collectivité ou chaque service de l'Etat.
Un retraité est un actif, il n'a pas d'employeur, mais son activité est socialement profitable. Au même titre que tout adulte en formation, spécialement les jeunes adultes, les retraités travaillent et la valeur de leur travail doit être reconnu.