Se présentant comme un réformiste assumé, Manuel Valls a affirmé vouloir débloquer la France à 150 militants socialistes. C’est pourtant la politique qu’il conduit qui la mène au blocage.
Les gouvernements qui se sont succédés depuis les années 1980 n’ont pas fait semblant de « réformer », ils ont détruit la sécurité sociale et ont enlevé tout pouvoir à l’État providence. Cette « réforme » a appauvri le pays et donné un pouvoir incontrôlable à ses bénéficiaires – Hollande cède maintenant au moindre mouvement de menton du patronat.
Les salariés (prêt de 95% des actifs en France) investissent 30 Md€ dans l’entreprise par an - 27 Md€ si l’on compte ce que coûte la fiscalisation du financement de la sécurité sociale aux revenus du capital en CSG. La « réforme » dont il est question aujourd’hui consiste à prélever encore 40 Md€ sur les salaires et 50 Md€ sur les dépenses publiques en plus des aides déjà apportées sans contrôle.
Cette politique a montré son incapacité à augmenter les investissements. Elle a par contre prouvé ce qu’elle apportait à une minorité de plus en plus riche au détriment de l’emploi de qualité, au détriment de la reconnaissance des qualifications, au détriment de la santé même des salariés en emploi ou non.
La réforme nécessaire aujourd’hui, c’est celle qui doit émanciper l’entreprise (communauté de projet) de la société (association de défense des actionnaire), celle qui doit requalifier la place du capital dans l’entreprise. Le débat cotisation / fiscalité qui a fait l’objet d’une conférence au Conseil d’État n’est qu’un chapitre du débat sur le pouvoir et la rémunération du travail et du capital dans l’entreprise.
Le moment de vérité est bien arrivé. La « réforme » que mettent en avant tous les fossoyeurs de la protection sociale et de l’État providence est une contre-réforme, une restauration de l’idéal d’une royauté de début du 19ème siècle, Louis Philipparde, qui ne peut qu’amener qu’à un régime liberticide : le second empire au 19ème siècle, le lepénisme aujourd’hui.