22 juin 2014

Lumières 21

En 2012, au temps du discours du Bourget, cela avait un sens de se dire de gauche. Même Mélenchon a appelé à voter pour Hollande. Mais aujourd’hui ?

Le sentiment de s’être fait roulé est très fortement partagé par mes amis, ceux avec qui nous battions le pavé contre les réformes des retraites, contre le CPE pour soutenir les jeunes dans leur combat, etc. Aujourd’hui beaucoup d’entre eux ont cessé de s’intéresser aux débats et un certain nombre ont même cessé de voter – beaucoup ont voté Hollande en 2012, mais nombreux sont ceux qui ne se sont pas déplacé pour les municipales ou les européennes.

 « Un Monde d’Avance » nous sollicite sur la question du moment : « Comment rassembler la gauche ? ». S’il s’agissait seulement d’une divergence sur la situation présente de crise, sur la réalisation d’un programme pour sortir de la crise… Mais la gauche est morte.

La gauche est morte, Hollande l’a tuée. Depuis longtemps… François Hollande écrivait avec ses amis (Hollande, Le Drian, Jouyet, Gaillard, & Mignard, 1985) sous le pseudonyme de Jean-François Trans : « Finis les rêves, enterrées les illusions, évanouies les chimères. Le réel envahit tout. Les comptes doivent forcément être équilibrés, les prélèvements obligatoires abaissés, les effectifs de la police renforcés, la Défense nationale préservée, les entreprises modernisées, l’initiative libérée. » - citation puisée dans (Pinçon & Pinçon-Charlot, 2013).

Ce texte met mal à l’aise tous les socialistes. La politique menée au gouvernement depuis 1983 est le fruit d’une volonté formalisée en 1985. Que devient le discourt du Bourget. Hollande savait ce qu’il voulait faire.

Si l’on veut remettre la gauche sur pied, il faut quitter le piège dès maintenant : ce piège qui perd la gauche dans une alternance pour mener toujours la même politique condamnant toute volonté de changement.

« Aucun ordre établi n’est légitime s’il est injuste. […] Pour éviter à l’homme du 21ème siècle de sombrer dans un nouvel âge de la résignation, la vision prospective créée par les Lumières d’un individu acteur de son présent, voire de son avenir, reste irremplaçable. » (Sternhell, 2006) 
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Hollande, F., Le Drian, J.-Y., Jouyet, J.-P., Gaillard, J.-M., & Mignard, J.-P. (1985). La gauche change. Paris: JC Lattès.
Pinçon, M., & Pinçon-Charlot, M. (2013). La violence des riches. Paris: La Découverte.
Sternhell, Z. (2006). Les anti-Lumières: du 18ème siècle à la guerre froide. Paris: Fayard.