Notre société est victime de deux dysfonctionnements : la distribution trop inégalitaire des salaires entre les personnes comme celle des marges entre les entreprises.
La sécurité économique et sociale constitue une première réponse.
La droite française est idéologiquement câblée dans le soutien aux entreprises au nom de la guerre économique que se livrent les rentiers du monde entier. En France, la gauche autant que la droite se sont lancées dans la fuite en avant des exonérations sociales et fiscales dont le poids porté par l'Etat a multiplié les années de déficit et fait exploser les dettes publiques.
Soyons positifs, la gauche a manifesté ainsi son souci de la bonne santé des entreprises. Mais, ce faisant, elle a manqué à son devoir envers ses électeurs et ceux-ci l'ont abandonnée au profit des nationalistes xénophobes qui les trompent avec des promesses non financées.
La France répartit la richesse qu'elle produit de façon vertueuse : 2/3 pour les salaires, 1/3 pour les entreprises. Mais la distribution des salaires laisse la moitié de la population en dessous de 2 000 € par mois et la moitié des entreprises avec un taux de marge de moins de 25%.
Les salaires sont fixés par le jeu du marché de l'emploi marqué par
- une énorme concurrence entre les salariés pour les emplois les plus nombreux accentuée par un chômage important, véritable armée de réserve (Karl Marx, chapitre 25 du Capital) ;
- et une énorme concurrence entre les entreprises pour recruter les compétences les plus rares.
Les marges sont déterminées par le "poids des salaires" sur la valeur ajoutée.
Il est clair que la seule solution pour résoudre la question consiste à sortir les salaires des compétences de l'entreprise et réunir les recettes nécessaires au versement des salaires par une cotisation des 2/3 de la valeur ajoutée au niveau de chaque entreprise. La masse salariale brute disponible sur le PIB 2023 est de 1 882 Md€. Cette masse salariale permet de distribuer un salaire mensuel brut entre 2 098,00 € et 6 235,63 € (Patrick Soulier, Exercice d'ingénierie sociale). La marge brute dégagée alors est de 941 Md€ distribuée à chaque entreprise selon sa valeur ajoutée et devrait permettre de dégager 205 Md€ de bénéfices pour les gratifications au mérite (dividendes et primes).
Ce que touche chacun pour vivre est clair : un salaire à vie au moins égale à une valeur liée à l'abondance de la société selon cinq niveaux de qualification ; une carrière de 41 ans (de 18 à 60 ans) qui double le salaire initial ; une retraite à partir de 60 ans qui permet de ne pas "devoir" tenir un emploi ; une pension de 75% de la dernière paie compatible avec les gratifications que peuvent distribuer les unités de production.
Ce que paie chacun pour alimenter la vie en commun est clair : le salaire à vie limite les risques sociaux à la santé dont la dépense est compensée par une cotisation des salaires à vie et des marges d'exploitation ; les dépenses de l'Etat (et des collectivités locales) sont compensées par l'impôt payé sur les salaires à vie et les gratifications des unités de production, seules les personnes physiques paient l'impôt.
Dépenses de santé et de l'Etat sont compensées par les revenus des personnes physiques |
Les politiques publiques mises en place depuis une quarantaine d'années ont produit une dette publique instrumentalisée pour justifier l'austérité. Un impôt "remboursement de la dette" doit être prélevée sur les revenus des personnes physiques ou par des économies réalisées sur une réforme du système financier.
Les politiques publiques des quarante dernières années pèsent sur les personnes physiques. |
La crise politique ne se réduit pas à la question du pouvoir d'achat ! Une réforme structurelle du système économique est nécessaire et la gauche (syndicale comme politique) doit s'en saisir pour sortir du piège de l'instrumentalisation politique des émotions.