Régression sociale ou progression du taux d’emploi ? Le bilan des réformes du marché du travail menées sous les quinquennats d’Emmanuel Macron divise. La remontée du chômage pourrait être le juge de paix.
[Le Monde - Les débats éco du samedi 6 janvier 2024]
Selon le juriste Jacques Barthélémy et l’économiste Gilbert Cette, « une grande cohérence d’objectifs caractérise le train de réformes du marché du travail ». Ils considèrent que les réformes entreprises depuis 2017 ont permis d’augmenter le taux d’emploi et de favoriser la négociation au niveau de l’entreprise.
« Les réformes du droit du travail, au motif de le “simplifier” le font disparaître », estiment Sophie Binet, Judith Krivine et Kim Reufle. Se plaçant sur le terrain juridique, les dirigeantes de la CGT et des syndicats des avocats et de la magistrature déplorent que de nombreux travailleurs renoncent à exercer leurs droits.
Pénibilité, prévention santé, indemnités prud’homales sont « les trois victimes des ordonnances Macron », pense l’expert de la santé au travail François Desriaux. Les ordonnances de 2017 ont provoqué une triple régression sociale.
Pour les chercheuses Johanna Dagorn et Corinne Luxembourg, « la loi “asile et immigration” réduit les personnes étrangères au statut d’une force de travail ». Elles dénoncent la contradiction entre la mise en avant des « travailleurs de première ligne » après la crise liée au Covid-19 et leur stigmatisation par la loi « immigration ».
« Pour que le “plein et le bon emploi” devienne une réalité avant 2027 », Nicolas Bourgeois, expert des questions sociales au sein du parti Renaissance, trace les contours de la mission du vaste ministère de Catherine Vautrin, comprenant le travail, la santé et les solidarités.