Les économistes constatent que, depuis vingt ans, le rythme de croissance de la richesse produite par heure de travail est en recul. Alors que l’innovation technique est censée avoir l’effet inverse.
[Le Monde - Les débats éco du samedi 6 janvier 2024]
« La raison du ralentissement de la croissance de la productivité est simple : les inventions ont moins d’effet économique qu’autrefois », observe l’économiste américain Robert Gordon. Il pointe un rendement décroissant de la capacité des technologies à accroître la richesse globale.
« L’explication la plus convaincante du déclin de la productivité est que les institutions ne s’adaptent pas assez vite aux révolutions technologiques », constatent les économistes Philippe Aghion et Céline Antonin. Le manque de concurrence dans les technologies innovantes explique pourquoi celles-ci ont encore peu d’impact sur la croissance.
« S’arrêter au seul apport des nouvelles technologies pour mesurer de la productivité du travail est une erreur d’appréciation », juge l’économiste Jean-Luc Gaffard. La productivité du travail rend compte, certes, de l’avancée des technologies, mais aussi du mode de fonctionnement de l’économie et des entreprises.
Selon l’économiste Xavier Jaravel, « l’éducation et l’orientation scolaire apparaissent comme les principales clés pour accélérer la productivité ». Il plaide pour une réforme profonde du système éducatif, condition de la diffusion de l’innovation.
« Gouvernement et secteur privé sont des alliés dans le financement de la R&D, pas des ennemis », souligne l’économiste Arnaud Dyèvre. Pour lui, les opérateurs publics et privés de la recherche et développement doivent faire ce qu’ils savent le mieux faire : au gouvernement la recherche fondamentale, aux entreprises le développement commercial. A condition de coopérer.