14 déc. 2023

L'incroyable richesse du travail

La valeur travail sont deux mots à consonnance positive dont l'usage simultané ne vise pas à considérer le travail à sa juste valeur, ni à redonner du sens au travail, ni d'améliorer les conditions de travail. L'expression n'est utilisée "que pour culpabiliser les chômeurs qui refuseraient d'aller travailler à vil prix".  (Le Hyaric, 2022)

Pourtant, le travail a apporté aux entreprises 19011Md€ de 1979 à 2019 (un tiers du PIB comme l'a établi le rapport sur le partage de la valeur ajoutée (Cotis, 2009) et la valeur du patrimoine économique de la France en 2019 s'élève à 14312Md€.  Le capital social apporté par les actionnaires ne représente qu'une partie de ce patrimoine le capital social et les primes.

Fonds cédés par le travail à "l'entreprise"

Depuis 1979, le travail a cédé 5400Md€ de plus que la valeur patrimoniale des entreprises. Si un facteur de production coûte, c'est bien le capital. En quarante ans, il a fallu que le travail fournisse 19711Md€ pour conserver une valeur de 14312Md€ à l'infrastructure productive. Le capital s'use, alors que le travail produit et répare cette usure. Mais cette usure est sous-estimée par l'étude de la distribution du PIB.

En effet, depuis quarante ans les gouvernements qui se sont succédés ont multiplié les aides dites "à l'emploi". Elu en 1974, Giscard a bien vite supprimé tout financement aux politiques sociales de la ville, point de départ des problèmes des "quartiers". Mais c'est Barre qui met en place les "aides à l'entreprise": Les Français (salariés et citoyens) ont fourni, entre 1979 et 2019, en exonérations sociales et fiscales et en dons directs 9472Md€, soit 66% de la valeur de l'infrastructure productive. (Abdelsalam, et al., 2023) 

Subventions fournies par les salariés (exonérations sociales)
et les citoyens (exonérations et aides fiscales) aux entreprises

Ces subventions (9472Md€) ont pesé sur les budgets sociaux et publics. La dette dite publique (2097Md€) s'en est trouvée fortement alourdie (INSEE, 2023) et l'Etat social désarmé pour une efficacité douteuse : sans effet sur le taux de chômage, ni sur la qualité de l'emploi.

Les mêmes idées sont mises en œuvre par tous les gouvernements français depuis quarante ans, elles coûtent cher et ne changent rien à l'état de l'emploi. Une aide indifférenciée à toutes les entreprises sans contrôle de son usage n'est pas viable. Les entreprises doivent mettre en place une certaine mutualisation du paiement des salaires sur le modèle de la sécurité sociale : la sécurité économique et sociale. (Association ALSES, 2023) Si le gouvernement de l'époque avait initié cette mutualisation en 1979, l'Etat aurait économisé 9572Md€, largement plus que la dette publique actuelle (2097Md€) : "un pognon de dingue !

Pour faire un premier pas vers la transformation de la société, adhérez à l'ALSES.

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Abdelsalam, A., Botte, F., Cordonnier, L., Dallery, T., Duwicquet, V., Melmies, J., . . . Tange, L. (2023, Octobre). Un capitalisme sous perfusion. Récupéré sur IRES: https://ires.fr/publications/cgt/un-capitalisme-sous-perfusion-mesure-theories-et-effets-macroeconomiques-des-aides-publiques-aux-entreprises-francaises/
Association ALSES. (2023, décembre 14). La loi sur la sécurité économique et sociale en quelques mots. Récupéré sur Association pour une loi de sécurité économique et social: https://www.loi-ses.org/
Cotis, J.-P. (2009). Partage de la valeur ajoutée, partage des profits et écarts de rémunérations en France. Paris: INSEE.
INSEE. (2023, décembre 14). Finances publiques. Récupéré sur Tableau de bord de l'économie française: https://www.insee.fr/fr/outil-interactif/5367857/tableau/10_ECC/15_FIN
Karmous, I., & Desseaux, L. (2020, décembre 17). Le patrimoine économique national en 2019. Récupéré sur INSEE: https://www.insee.fr/fr/statistiques/4996961
Le Hyaric, P. (2022, avril). La valeur travail. Res Civica, p. 177 à 182.