26 nov. 2023

Le foncier, une terre rare

Le sol est à la fois une ressource naturelle, une rente et le support de tous les usages. Un enjeu économique, écologique et politique longtemps négligé par les économistes.
[Le Monde - Les débats éco du samedi 25 novembre 2023]

« La science économique a perdu de vue la question foncière », observent les économistes Alain Trannoy et Etienne Wasmer. Selon eux, la thématique de la finitude des ressources naturelles et de l’utilisation des sols, qui était centrale chez les économistes classiques, revient aujourd’hui comme un boomerang.

« L’immobilier et les infrastructures ont été financiarisés à mesure de la place croissante qu’y occupe la finance de marché », estiment les chercheurs Antoine Guironnet et Ludovic Halbert. Ils décrivent l’irrésistible ascension du secteur de la « gestion d’actifs immobiliers », qui représente aujourd’hui 11 000 milliards d’euros d’actifs à l’échelle mondiale.

Pour l’économiste Florence Goffette-Nagot, « le foncier est au cœur des politiques urbaines et de questions d’équité ». Elle montre comment les caractéristiques du foncier en font un facteur majeur des disparités territoriales et sociales.

« La rareté du foncier économique concerne désormais toutes les régions », explique Olivier Lluansi, professeur à l’Ecole de mines. Il s’interroge sur comment concilier l’affirmation de la « souveraineté industrielle » et l’objectif de « zéro artificialisation nette ».

Il faut « préserver les terres agricoles au bénéfice d’une agriculture paysanne », rappellent Geneviève Bernard et Vincent Carlier, experts des questions agricoles. Ils appellent à une meilleure régulation du foncier agricole pour favoriser la transition de l’agriculture française vers un modèle durable.