16 juin 2016

"Demain" et "Merci patron!"

La grande table de France Culture (15 et 16 juin 2016) - Retour sur deux phénomènes cinématographiques de 2015 : le documentaire "Demain" consacré à des initiatives écologiques et citoyennes, avec son réalisateur Cyril Dion, et « Merci patron », la revanche d’anciens employés licenciés par le groupe LVMH, avec François Ruffin.

Pourquoi un tel succès ?

Demain et Merci patron! sont deux films dont on n’avait pas prévu le succès. Le 8 juin dernier, l’équipe du documentaire Demain a annoncé sur sa page Facebook cumuler près d’un million soixante mille entrées en France. Alors que la semaine de la sortie n’avait pas été marquée par l’enthousiasme, le film engrange peu à peu les entrées grâce au bouche à oreille. De même, Merci Patron ! , sorti trois mois après Demain, comptabilisait au 1er juin 480 000 entrées. D’où vient un tel succès?

Demain, qui sort en DVD aujourd’hui, est porté par le réalisateur et activiste écologiste Cyril Dion - notre invité - et la comédienne Mélanie Laurent. L’objectif : cesser d’employer un ton alarmiste pour parler d’écologie, et montrer au contraire le foisonnement d’initiatives venues du monde entier pour apprendre à vivre mieux. Mis en scène sous la forme d’un "road trip", le film traverse dix pays : de San Francisco où 80 % des déchets sont recyclés, à Copenhague, une ville où un tiers des déplacements quotidiens se font à vélo, en passant par Détroit, où des citoyens se mettent à cultiver des terrains abandonnés… Comment réinventer l’agriculture, l’énergie, l’économie, la démocratie et l’éducation?

Merci Patron! se focalise quant à lui à la situation de Jocelyne et Serge Klur, licenciés de leur usine où ils fabriquaient des costumes Kenzo à Poix-du-Nord, près de Valenciennes, après qu'elle a été délocalisée en Pologne. Pris dans une situation financière inextricable, leur maison est sur le point d'être saisie… François Ruffin journaliste et fondateur du journal Fakir, les aide à faire pression sur le groupe LVMH, afin qu’ils récupèrent l’argent nécessaire à leur survie. Lui qui revendique tirer son inspiration de Michael Moore et Jean-Yves Lafesse est depuis parfois surnommé « Ruffin des bois ».

Le film, drôle et touchant, et dont une partie est tournée en caméra cachée, est une critique acerbe du système capitaliste qui écrase les travailleurs.


Quelle ambition politique ?

Suite de la première partie avec nos invités Cyril Dion et François Ruffin, réalisateurs des films « DEMAIN » et « Merci patron ! », deux longs métrages qui valorisent le collectif et les initiatives citoyennes. Devenus phénomènes de société, que révèlent-ils sur le plan politique?

« DEMAIN » et « Merci patron! » sont deux films qui portent un propos politique. Chacun à leur manière, ils ont suscité des débats, du lien social et de l’action politique. Les réalisateurs Cyril Dion et François Ruffin sont eux-mêmes deux réalisateurs engagés. Cyril Dion est le co-fondateur de du mouvement des Colibris avec Pierre Rabhi, une ONG qu’il a dirigée pendant sept ans et qui appelle aux regroupements locaux afin d’expérimenter un autre modèle de société. François Ruffin, lui, a fondé à Amiens – sa ville natale – le journal Fakir, dont le slogan est : « fâché avec tout le monde, ou presque ». Il est également très impliqué dans le mouvement Nuit Debout.

Comment leurs films s’inscrivent-ils dans leurs engagements respectifs ? Portent-ils une vision du monde similaire? Quelles suites donner à l'élan qu'ils ont enclenché?

Pour mettre ces questions en perspective, La Grande table accueille également Loïc Blondiaux, professeur au département de science politique de l'université Paris I Panthéon-Sorbonne et chercheur au Centre Européen de Sociologie et de Science Politique (CESSP/CNRS).