« Pour le salarié, la question est de vendre sa force de travail au prix le plus élevé possible… »
Quelle est la limite ?
Les salariés doivent-ils être réduits à la contestation dans la conduite de l’entreprise ?
Le capital sans travail ne fructifie pas. Mais le travail sans capital n’existe pas. Travail et capital sont indissociables dans la production. Aussi, la plus-value n’appartient pas plus au capital qu’au travail.
Le bénéfice qui en est issu doit construire le bien commun : l’entreprise, objet différent de la société des associés ou des actionnaires (SA).
Trois situations de subordination constituent l’environnement du travail :
- Au niveau individuel, le parcours du travailleur* tend à l’en libérer.
- Au niveau du contrat de travail, l’action collective crée le rapport de forces qui en contrôle les méfaits.
- Au niveau de l’entreprise, la loi doit séparer les intérêts de l’entreprise de ceux de la SA, l’entreprise constituant l’œuvre commune du travail et du capital.
C’est le rapport de force mis en place par les salariés à la fin de la deuxième guerre mondiale qui a ouvert la voie d’un compromis social construit sur la stabilité de l’emploi en échange de la propriété totale de la SA sur l’entreprise.
Aujourd’hui, les salariés ne parviennent pas à maintenir le même rapport de force. La stabilité d’emploi n’est plus d’actualité, un salarié sur cinq subit un emploi précaire, quatre recrutements sur cinq sont faits sur emploi précaire, les accords de baisse des salaires ou d’augmentation du temps de travail contre la « préservation de l’emploi » se multiplient. Le patronat réclame la « simplification » du code du travail et le gouvernement de gauche le satisfait.
Avec raison, la CGT revendique l’intervention des salariés dans la conduite de l’entreprise. L’UGICT, à son congrès 2014 a décidé de travailler à la proposition d’une loi qui donne un statut juridique à l’entreprise. L’organisation des cadres de la CGT investit aussi la question du travail et de la qualité de vie au travail.
L’engagement constitue bien une instrumentalisation des aspirations des salariés par les employeurs à la recherche de travail gratuit. Mais il s’agit bien d’une aspiration du salarié, légitime au regard de sa contribution à l’entreprise. La problématique de l’engagement ne pose pas la question de ce qu’il représente dans la lutte des classes, mais celle des conditions de son existence éventuelle : naissance juridique de l’entreprise, limitation de la propriété de la SA sur l’entreprise, le résultat et limitation du pouvoir de la SA dans la conduite de l’entreprise.
Ce développement est la réponse qu’il me semble devoir être donnée à la proposition de l’employeur en matière d’engagement.
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* Le travail est un parcours qui comprend trois phases :
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* Le travail est un parcours qui comprend trois phases :
- la subordination – le travailleur, quand il débute, utilise des règles de métier apprises et suit des procédures prescrites ;
- l’investissement – mais il ne peut éviter de rencontrer des situations non prévues et doit inventer des réponses, investir son travail, fixer de l’intérêt affectif et de l’énergie psychique dans ce qu’il fait ;
- l’implication – avec son expérience, le travailleur aiguise sa capacité de jugement ; il parvient à déployer une certaine critique de l’existant et à faire preuve d’une innovation plus ou moins risquée pour son parcours.