« Qui peut penser que la gauche ne soit pas au côté de l’entreprise. » (Michel Sapin).
Le travail est un objet essentiel à gauche, comme source des revenus, mais aussi comme élément principal de formation des consciences à la forme de la société et à la nécessité de la transformer pour le bien de tous. C'est là que se construit le sens du collectif malgré l'obsession de l'individualisation des managers.
La gauche ne peut être qu'au côté de l'entreprise, mais elle doit couper le cordon qui présente le Medef comme le meilleur défenseur de l’entreprise aux yeux du public. Et je pense que l’ANI est la plus mauvaise façon de le réaliser en privant les salariés du rapport de force nécessaire pour le faire.
Je pense que le meilleur moyen de réunifier la gauche est de lui donner un grand projet et l’entreprise en est le terrain tout désigné. Le projet que je propose est de donner un statut juridique à l’entreprise qui l’émancipe du pouvoir de la société. Présidence de la société et direction générale de l’entreprise doivent être des fonctions séparées, incompatible à une même personne.
La négociation sur la démocratie sociale est insuffisante. Il faut construire l’intervention des salariés sur une réalité beaucoup plus tangible : la propriété. Pour cela, je propose d’affecter la propriété de la richesse de l’entreprise (le bilan) à la société (le capital social) et au collectif de travail (le reste du bilan). La proportion définirait la clef de répartition des bénéfices et le pouvoir dans le conseil d’administration.
Cette répartition du pouvoir n’empêche pas l’existence d’une démocratie sociale visant à ce protéger des choix de direction au niveau d’un CE (comité d’entreprise) centré sur les questions économiques et sociales, d’un COS (comité des œuvres sociales) sur les questions sociales et culturelles et de CHSCT sur les questions de santé au travail.
Les organisations syndicale perdent leur audience à cause de leur incapacité d’assurer la sécurité d’emploi qui constituait la contrepartie à l’acceptation de la subordination. Sans sécurité d’emploi, la subordination du travail au capital est inacceptable.
Le statut juridique de l’entreprise que je propose permettrait non seulement de réunifier la gauche politique, mais aussi les deux grande organisations syndicales que sont la CFDT qui a tendance à faire la moitié du chemin en acceptant l’insécurité de l’emploi avec la promesse d’intervention des salariés (l’ANI) et la CGT qui a tendance à rester sur le schéma de la sécurité d’emploi malgré sa proposition de nouveau statut du travail salarié qui vise à y substituer une sécurité multi-entreprises.
Et si on utilisait les deux ans et demi qui restent pour faire ce travail ?