30 mai 2014

L'Union plutôt que l'Europe

Comme d’habitude, les élections européennes n’ont pas mobilisé les citoyens européens. Une longue habitude d’alternance sans effet sur les politiques menées, au niveau national et européen, a persuadé les citoyens qu’il ne servait à rien de voter. Mais le loup est aux portes et l’intelligence disparaît.

Même contestée, la 5ème République n’empêche pas l’alternative : l’arrivée de la gauche de 1981 au pouvoir. Les gens de gauche cachent leur incapacité à se mobiliser derrière le prétendu verrouillage des institutions.

Les institutions européennes constituent un véritable problème. Le conseil joue comme un véritable verrou de l’exécutif européen, encore viable lorsque les États étaient moins nombreux, mais devenu invivable avec l’élargissement à 27 : les décisions y sont le produit de tractations obscures et les avancées progressistes rendues impossibles par le véto minoritaire.

L’idée européenne fondatrice s’est perdue dans une bureaucratie incompréhensive, bien utile pour des responsables politiques nationaux qui n’assument pas leurs décisions.

 « L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de cœur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. » (Renan, 1882)

L’idée européenne est née de la volonté de responsables politiques qui voulaient rendre la guerre entre les peuples européens impossible.

 « […] faire reconnaître toutes les nationalités, restaurer l’unité historique des peuples et rallier cette unité à la civilisation par la paix, élargir sans cesse le groupe civilisé, donner le bon exemple aux peuples encore barbares, substituer les arbitrages aux batailles ; enfin, et ceci résume tout, faire prononcer par la justice le dernier mot que l’ancien monde faisait prononcer par la force. » (Hugo, 1849)

Dans « Union Européenne », c’est « Union » qui est le mot fort, européenne n’étant qu’un qualificatif conjoncturel. Il est illusoire de vouloir installer une adhésion à l’union européenne en cherchant à concurrencer les adhésions identitaires installées comme la nation, la religion ou l’ethnie et d’en appeler à un attachement à l’Europe qui n’existe pas. Seule l’union, conjoncturellement développée en Europe, représentant  clairement les citoyens et les peuples et animant une activité économique peut obtenir l’adhésion des citoyens et des peuples. Le fonctionnement démocratique peut être porté par :
  • une assemblée représentant les citoyens à la proportionnelle, élue sur scrutin paneuropéen ;
  • un sénat représentant les nations proportionnellement au poids de leur population élu sur scrutin national ;
  • un exécutif élu par les chambres parlementaires réunies en congrès et chargé d’exécuter les lois proposées et votées par l’assemblée et le sénat de l’union.
Le parlement européen élu en 2014

Le parlement européen élu en 2014 peut mettre en place une démocratie obtenant l’adhésion des citoyens et des nations. C’est le meilleur moyen de se protéger des catastrophes que ne peuvent que produire les replis identitaires ethniques, religieux, raciste ou nationalistes. Les institutions décrites ici présentent l'avantage de permettre l'élargissement qui a perdu les institutions présentes et sont susceptibles de faire sauter le verrou géographique conjoncturel pour devenir une institution humaine à laquelle tous les Hommes et les Peuples pourraient adhérer.

Mais cette démocratie, si elle est nécessaire, n'est pas suffisante. Il faut encore qu'elle n'empêche pas la marche du progrès social comme le font aujourd'hui les institutions européennes instrumentalisées par le pouvoir financier. Par contre, le parlement européen élu en 2014 en est incapable. Il faudra donc intervenir au niveau des entreprises, là où les revenus primaires sont produits puis que les États n’en ont plus la possibilité ou la volonté. Et l’outil adapté est le syndicat confédéré au niveau européen et mondial.

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Hugo, V. (1849, août 21). Discours d’ouverture du Congrès de la Paix.
Renan, E. (1882, mars 11). Qu'est-ce qu'une nation? Paris Sorbonne.