30 avr. 2022

Emanciper le travail et démocratiser l'entreprise

Le résultat du premier tour des Présidentielles 2022 était si prévisible que je pensais qu'il était possible de faire l'impasse sur la campagne et d'investire immédiatement les Législatives. Mais la campagne qu'a menée Jean-Luc Mélenchon a été si efficace et la qualité de sa production programmatique est si grande (livrets et plans) que je vois bien que je faisais une erreur. Jean-Luc Mélenchon a créé une dynamique d'union populaire que je souhaite contribuer à élargir pour rendre l'assemblée générale capable d'imposer un gouvernement de transformation de la société à la deuxième présidence Macron.

Aujourd'hui, il n'est plus possible de priver une partie de la population du niveau de vie produit par les richesses créées chaque année: le PIB. En 2021, le travail des 52,9 M de Français ont généré 2420 Md€, soit  3 812,22 € par mois chacun.

Accéder tous à la richesse créée en France.

Sur ce PIB, il faut bien-sûr prélever la part nécessaire à la réparation au renouvellement des outils (amortissements et investissements), rembourser les dettes et gratifier les personnes qui ont contribué particulièrement efficacement (dividendes et primes): un tiers est le niveau de prélèvement que la France consacre à préparer le futur depuis le milieu des années 1980.

Si chacun reçoit ce revenu, seul la santé nécessite cotisation, il n'y a pas de risque d'inactivité d'emploi (chômage), ni d'inactivité de vieillesse (retraite). Actuellement la France dépense 12% du PIB pour la santé de tous ses membres.

Au total, le revenu moyen brut de 3 812,22 € doit être prélevé de 1 270,74 € pour conforter le système productif du pays et 457,47 €  pour maintenir la santé de ses membres; cela produit un revenu net de 2 084,02 € à chaque Français.

inegalite.fr - 53% des revenus nets sont inférieurs à 2 084 € aujourd'hui

Quel que soit son statut, la majorité des Français d'aujourd'hui souffre de ne pas bénéficier des richesses du pays. Si la moitié des entreprises verse bien deux tiers de sa valeur ajoutée en salaires, un tiers doit en verser les trois quarts pour respecter les minimum sociaux malgré les exonérations de cotisations et les aides fiscales imaginées depuis une trentaine d'années. Une étude de l'INSEE montre que les travailleurs pauvres indépendants sont plus nombreux que les salariés.

Emanciper le travail de l'emploi.

Un quart des sociétés doivent consacrer trois quarts de leur valeur ajoutée aux salaires et ne disposent que d'un quart pour de conforter leur outil de production et gratifier actionnaires et salariés (dividendes et primes). En même temps, un quart des sociétés ne consacrent qu'un tiers de leur valeur ajoutée aux salaires, la moitié étant dans la situation moyenne de deux tiers. Pour assurer un juste partage des richesses, il est nécessaire de mutualiser la distribution des revenus, ce qui consiste à émanciper le travail de l'emploi.

La qualité du travail effectué par un individu dépend d'abord de ce qu'il est. Le partage des richesses doit d'abord reconnaître cette obligation de moyens en rémunérant la qualification et l'expérience, la qualification dès sa validation, l'expérience au fur et à mesure de l'exercice d'une activité consacrée à une œuvre collective, l'emploi qui permet à chacun de construire une carrière de 18 à 60 ans*. Les repères revendicatifs de la CGT font une très intéressante proposition pour les salaires qui peut servir de modèle pour la répartition du PIB entre tous avec :

  • la reconnaissance de la qualification en cinq niveaux séparés chacun de 20% du précédent à partir d'un minimum de pouvoir d'achat légal;
  • la reconnaissance de l'expérience par le doublement du salaire initial pour une carrière complète entre 18 et 60 ans.
Le revenu d'activité universel serait alors calculé non plus sur un pouvoir d'achat légal, mais sur le PIB. C'est le modèle proposé pour éradiquer la pauvreté.

Démocratise l'entreprise

La loi permet de cadrer l'exercice des sociétés productives. Mais le pouvoir de dire obtenu démocratiquement n'est pas le pouvoir de faire de la propriété privée. Le 20ème siècle pensait résoudre le problème par l'expropriation: la révolution (soviétique) a mis 70 ans d'oppression pour disparaître dans la souffrance, le respect de la constitution a imposé à Mitterrand une nationalisation coûteuse très vite effacée.

Répondant à la demande de participation des salariés aux décisions formulée par les plus grandes organisations syndicales (CGT), la loi a fait entrer les salariés dans le conseil d'administration. Mais les administrateurs salariés n'ont jamais eu d'autre rôle que celui d'invités aux débats des "vrais administrateurs", ceux qui sont mandatés pour représenter un portefeuille d'actions.

Pourtant, en ouvrant la boîte noire que constitue l'entreprise toujours présentée comme un bien commun lorsqu'il s'agit d'obtenir une modération des revendications salariales. Là encore, la CGT (son Ugict) a proposé au 17ème congrès (2014) et confirmé aux congrès suivants (2018 et 2021) de travailler à la création d'un statut de l'entreprise distinct de celui de la société d'actionnaires qui donne de la consistance au mot "entreprise".

En dehors du capital social, les fonds propres sont alimentés par le collectif de travail. En effet, le travail produit, au fil des exercices, la valeur ajoutée qui alimente, hors les salaires, les dotations aux amortissements en réparation des actifs, les remboursements des prêts des banques et le résultat, source des reports à nouveau confortant les fonds propres et gratifiant les actionnaires (dividendes) et les salariés (primes).

L'avenir en commun

Après le deuxième tour des Présidentielles 2022, il faut donner le maximum de chances pour les candidats aux Législatives d'élargir l'Union populaire et son projet aux apports des autres composantes de la gauche (PS, EELV, PCF et NPA). 

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* Le fait que la carrière prise en compte dans l'expérience s'arrête à 60 ans n'oblige pas à cesser de tenir son emploi au-delà.