Trouver un vaccin, préparer le « monde d’après », assurer la croissance économique… au moment où ils semblent être le recours suprême, les scientifiques s’inquiètent de la loi de programmation de la recherche (LPPR), présentée en conseil des ministres le 8 juillet, qui va bouleverser leur métier.
Avec plus de cent quarante de ses collègues, la chercheuse en sciences de gestion Céline Baud estime qu’« un débat public au sujet de la LPPR semble plus que jamais nécessaire », car l’obsession « gestionnaire » de l’actuel projet de loi ignore la réalité de son mode de gouvernance collective par les pairs. L’économiste Manon Domingues Dos Santos observe de son côté qu’en changeant radicalement le recrutement et le financement des universités, la LPPR remet en cause leurs missions. Or, « enseignement et recherche sont les clés de voûte du progrès social et économique », dit-elle.
« Loin d’être un luxe, l’évaluation des politiques publiques est un moteur essentiel de la démocratie », rappelle pourtant un collectif de chercheurs et de professionnels de l’évaluation des politiques publiques qui invite les chercheurs à considérer leurs interventions non pas comme un frein à l’action, mais comme un outil essentiel à la vie du pays.
Mais si la crise du Covid-19 a permis de mieux comprendre les principes du travail scientifique, quatre chercheurs – l’économiste Henri Savall, l’historien Olivier Faron, le médecin Denis Fière et le professeur de sciences de gestion Laurent Cappelletti – avertissent qu’« il est vain de rendre opaques des débats scientifiques lorsqu’ils portent sur un sujet universel comme la santé ».
Pour l’ancien délégué au développement durable Christian Brodhag, toutes les ressources de la science et de l’innovation doivent être utilisées pour changer de système, pas seulement les outils de la réglementation et de la fiscalité. « La transition écologique exige connaissance et intelligence collective, transfert d’expériences », ajoute-t-il.
Enfin, onze dirigeants d’organismes de recherche technologique de dix pays européens demandent un effort budgétaire en faveur d’une politique commune d’innovation : « L’Europe a besoin d’un budget qui reconnaisse l’importance vitale de la recherche et de l’innovation ».
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