L’entreprise Orange est le produit d’une longue histoire française dont l’avenir est fragilisé par sa dépendance vis-à-vis de l’association de défense des actionnaires OrangeSA et son mandataire, le PDG.
Les derniers agents qui ont participé au développement des vingt glorieuses 1970-1990 des télécoms sont en train de quitter leur entreprise avec une mise en retraite souvent avancée grâce à des dispositifs de temps partiel senior – les entreprises ont hâte de se débarrasser de leurs salariés les plus âgés, alors que toutes les réformes des retraites visent le recul de l’âge de départ à la retraite. La voie royale des seniors pour les « réformateurs », le chômage.
« J’aime l’entreprise. » a dit Manuel Valls. Qu’est-ce qu’entreprendre ?
Entreprendre, c’est
- Réunir les capitaux suffisants pour réunir les ressources nécessaires avec les banques dans le but de construire un projet de production ou de service ;
- Conforter au fil des exercices pour développer le projet et conforter les relations avec les clients et les emplois.
L'entreprise, oeuvre commune |
Un exercice fait bouger les ressources grâce à la valeur ajoutée pour rembourser les emprunts et au résultat pour conforter les capitaux propres (la mise en réserve). Les capitaux propres sont constitués du capital social mis à disposition par la société d’actionnaires et des mises en réserve cumulées de chaque exercice.
Par ailleurs, la valeur ajoutée doit contribuer aux salaires (deux tiers du PIB en France) et le résultat doit rémunérer la société des actionnaires selon sa contribution aux ressources (en moyenne, le tiers en France).
La société OrangeSA fait-elle œuvre d’entreprise ?
Les ressources de France Telecom (années en bleu)
devenue Orange (années en orange) en 2012, les bilans 2010 et 2011 sont fortement réorganisés. |
Depuis 2007, c’est éléments ont été « manipulés » à deux reprises :
- Quand France Telecom est devenu Orange, les réserves ont été diminuées, le capital social augmenté comme si la société d’actionnaires s’était approprié des ressources propres de l’entreprise.
- Quand les réserves sont devenues négatives de façon trop importantes, une partie des dettes a été transformée en titres et mise en réserve.
Le compte d'exercice montre la production du résultat et le tableau de financement affiche les dividendes. |
Comment un tel réaménagement des capitaux propres a-t-il pu être effectué ? Quel sens donner à des réserves négatives, si ce n’est de les considérer comme une dette de la société d’actionnaires ? Ici, OrangeSA a racheté sa dette en transformant en titres mis en réserve une partie de la dette de l’entreprise que cette dernière devra rembourser plus chèrement dans quelques années !
Les dividendes versés ne permettent pas de consolider les ressources en empêchant toute mise en réserve. Les réserves apparaissant dans le bilan sont en fait des manipulations d’écriture.
Résultats de l'entreprise Orange et dividendes à quotepart de la contribution d'OrangeSA dans les ressources de l'entreprise ; en rouge les dividendes effectivement versés |
Principe de développement durable : Pour que chaque exercice puisse conforter les ressources de façon à développer durablement l’entreprise (et sécuriser les emplois), il faut plafonner les dividendes à la part de la contribution de la société d’actionnaires.
Depuis le début de son existence, OrangeSA a ponctionné l’entreprise près de 19 Md€, alors que l’entreprise a réalisé un peu plus de 16 Md€. Si le principe de développement durable avait été respecté, près de 11 Md€ auraient été mis en réserve – belle contribution au plan fibre gâchée par le comportement prédateur de la société d’actionnaires !
Le principe de développement durable sécurise le développement de l’entreprise sans attenter au droit de propriété. Il doit être le côté face du nouveau statut de l’entreprise, le côté pile étant la mise en place d’une gouvernance où la société d’actionnaire n’ait pas plus de plus places que sa contribution (K%), le reste des places (1-K%) étant attribuées au collectif de travail.