21 nov. 2016

Macron, en marche !

L’aventure Macron constitue bien une refondation politique. Le clivage gauche-droite se structure autour des paramètres de l’ancien modèle et la régulation économique et sociale doit s’adapter aux nouveaux défis. La stratégie Macron vise à favoriser l’employabilité de chacun. Le nouveau défi ne serait-il pas d’apprendre à adapter notre société à l’arrivée des temps de l’oisiveté généralisée, pourquoi serait-elle l’apanage des seuls rentiers ?

Sous le prétexte de régler l’injustice d’une partition des emplois entre insiders et outsiders, Macron limite la loi à un socle de base (l’ordre public social) et éclate le droit social au plus près du travail en invoquant le dialogue social.

Dans sa recherche d’égalité, Macron étend la protection sociale aux autoentrepreneurs et travailleurs ubérisés, mais aussi l’arrêt de la dégressivité des indemnisations du chômage.

Par contre, Macron visite jamais la situation de subordination du salarié vis-à-vis de l’employeur, ni celle du prestataire vis-à-vis du donneur d’ordre.

Cette subordination est le fruit du caractère exorbitant de la propriété lucrative dans l’entreprise. La société d’actionnaires n’apporte en moyenne que le tiers des ressources de l’entreprise et s’en donne le gouvernement et la propriété entière du résultat des exercices.

L’innovation financière de la fin du 20ème siècle et la liberté acquise par la circulation des capitaux au niveau mondiale transforme la concurrence sur les marchés de l’entreprise en concurrence entre rendements financiers. Cela prive l’entreprise de la mise en réserve du résultat susceptible de conforter le développement et la sécurisation des ressources.

Les banques apportent les deux tiers des ressources et le travail rembourse ces emprunts au fil des exercices. Il serait légitime d’exiger la mise en réserve automatique des deux-tiers du résultat. La concurrence entre entreprises s’exercerait alors sur leur terrain, celui du marché et non plus dans la bulle financière.

Ce qui me plaît chez Macron, ce sont ses visions sur l’éducation et sur l’identité. Mais il n’est plus possible de construire un projet sans toucher au statut de l’entreprise et sans réviser le poids du capital.